"Vaccin Janssen : pourquoi découvre-t-on de nouveaux effets secondaires ?"
« L’Agence européenne des médicaments répertorie depuis jeudi une maladie rare de la colonne vertébrale comme effet secondaire du vaccin Janssen. Comment se fait-il que des effets secondaires soient encore découverts, un an après l’arrivée sur le marché de ce produit ?
Le régulateur de l’Union européenne, l’Agence européenne des médicaments (EMA), répertorie depuis le jeudi 11 novembre une maladie rare de la colonne vertébrale comme effet secondaire d’une injection de Johnson & Johnson. Ce type rare d’inflammation, appelée myélite transverse, se manifeste par une atteinte neurologique rare causée par une inflammation de la moelle épinière. Les symptômes, qui comptent engourdissements, perte de force complète ou partielle des membres, ou encore des difficultés de contrôle des intestins ou de la vessie, s’installent en quelques heures ou quelques jours.
“Dans l’histoire des vaccins, les effets secondaires sont toujours apparus dans les deux mois suivant l’administration ”, affirmait pourtant en juillet Paul Offit, directeur du centre d’éducation aux vaccins de l’Hôpital pour enfants de Philadelphie. “Il n’y a aucun exemple de vaccin qui a induit des effets indésirables à long terme qui ne s’étaient pas manifestés dans les 2 mois après la vaccination ”, soutenait également en juillet sur Twitter le Pr Mathieu Molimard, chef de service de pharmacologie médicale au CHU de Bordeaux. Comment est-il possible, alors, que des effets secondaires soient encore répertoriés dix mois après les premières injections ?
Si la myélite transverse a été répertoriée jeudi, elle n’a pour autant pas été sortie du chapeau. Cette inscription comme effet secondaire d’une injection de Johnson & Johnson avait déjà été au cœur des arrêts d’essai dans les premiers stades de développement des vaccins d’AstraZeneca et de Johnson & Johnson, qui sont basées sur une technologie similaire. Johnson & Johnson avait annoncé le 12 octobre suspendre les essais cliniques de son vaccin après que l’un des participants du test a contacté “une maladie non expliquée ”. Début septembre, les essais cliniques menés par AstraZeneca et l’université d’Oxford avaient, eux aussi, été mis en pause pour la même raison avant de reprendre la semaine suivante.
Cet effet secondaire est donc connu depuis plusieurs mois et de nombreuses études portant sur divers cas à travers le monde ont été publiées depuis. C’est au regard de ces cas cliniques que l’EMA a décidé d’inscrire, jeudi, la myélite transverse comme effet secondaire au vaccin développé par le laboratoire américain Johnson & Johnson.
En 2017, une étude rapportait un “délai médian” avant le premier effet sur le long terme d’un médicament ou d’un vaccin de 4,2 ans. Si le délai n’avait à l’époque rien d’étonnant, une exposition très importante au traitement étant nécessaire pour déceler les effets secondaires les plus rares, il s’est fortement réduit depuis le début de la pandémie selon Alpha Diallo, responsable de pharmacovigilance à l’ANRS maladies infectieuses.
“L’étude citée date de 2017 et se concentre sur une période qui s’étale de 2001 à 2010. Mais depuis, la pharmacovigilance a fait d’énormes progrès ”, assurait en juillet à LCI Séverine Gibowski, responsable adjointe de pharmacovigilance à l’ANRS maladies infectieuses. Par exemple, depuis, chaque patient peut déclarer par lui-même un effet indésirable et tous les professionnels de la santé sont incités à en faire de même. “Nous avons beaucoup plus de données aujourd’hui ”, assure-t-elle. “Dès qu’un signal de sécurité apparaît, les agences mettent leurs informations en commun, demandent d’autres études. C’est devenu une surveillance mondiale et instantanée. ” »
Source : lci.fr le 12 novembre 2021.
Ci-dessous, intervention de Gilbert Deray, néphrologue à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière (Paris), le 15 juillet 2021 sur RMC :