"Covid : un jeune de 16 ans hospitalisé à Montpellier pour une myocardite après sa dose de rappel du vaccin". Par Frédéric Mayet
« Un jeune de 16 ans, habitant Gigean a reçu une troisième injection de Pfizer le 29 décembre, à Sète. Puis, le 2 janvier, il a été admis en soins intensifs à l’hôpital Arnaud-de-Villeneuve de Montpellier.
“Mon fils ne voulait pas être privé de ses loisirs, notamment de ses séances de musculation.” Sylvie (*) a donc fait le choix d’inscrire Alexandre (*), 16 ans, sur Doctolib. Pour ce qu’elle croyait être une troisième dose après deux injections de Pfizer l’été dernier (le 21 juillet puis le 12 août).
Sauf, qu’en théorie, elle n’aura pas dû pouvoir ! Car la troisième dose, dont le délai a été abaissé, le 28 décembre, de 5 à 3 mois après la dernière injection, n’est normalement accessible qu’aux plus de 18 ans.
Habitant Gigean, l’adolescent est accompagné, le 29 décembre par son frère aîné au centre de vaccination du Bassin de Thau, à Sète. Il y reçoit une injection de Pfizer… comme si de rien n’était. “Au bras gauche” détaille la feuille de synthèse des données de vaccination. Le document précise également, noir sur blanc, “troisième injection”.
Marine (*), sœur aînée d’Alexandre, infirmière à Perpignan, s’étonne : “Le médecin n’a manifestement pas fait de vérifications. Comme la personne ayant pratiqué l’injection.”
“Les poumons en feu”
Trois jours plus tard, au matin du samedi 1er janvier, Alexandre se plaint de douleurs à la poitrine. “J’ai pensé que c’était lié à la fête du 31, ou à une séance de musculation, raconte la maman. Cela m’a quand même mis la puce à l’oreille.” Dimanche 2 janvier, vers 7 h, l’ado répète “avoir les poumons en feu. Je lui ai alors donné un Doliprane”.
Deux heures plus tard, après des douleurs au bras gauche, le papa appelle le 15. “On nous a dit que des examens étaient nécessaires mais qu’aucune ambulance ni médecin n’étaient disponibles et que nous devions nous rapprocher de l’hôpital.”
Des risques peu fréquents mais reconnus
Une minorité de jeunes de moins de 30 ans (majoritairement des hommes) peuvent développer des problèmes cardiaques (myocardite ou péricardite) dans un délai moyen d’une semaine maximum après une injection.
Ces risques, peu fréquents et non mortels, concernent les vaccins à ARN messager (Pfizer et Moderna). Des problèmes dont les premiers signaux de pharmacovigilance ont été rapportés dès janvier 2021.
Selon un rapport de l’ANSM (agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé) en date du 8 novembre dernier et portant sur la tranche d’âge des 12-50 ans en France il y a eu 919 cas de myocardites ayant entraîné des hospitalisations entre le 15 mai et le 31 août 2021.
Ces myocardites ont concerné à 79 % des hommes avec un âge moyen de 26 ans. Sur la même période les cas de péricardites se sont élevés à 917 cas (66 % d’hommes avec un âge moyen de 34 ans).
Pour la région Occitanie l’étude scientifique fait état d’un total de 88 cas de myocardites entre le 15 mai et le 31 août 2021. Cependant, le rapport bénéfice-risque des vaccins n’est pas remis en cause.
Héliporté le 2 janvier de Sète à Montpellier
La grande sœur Marine n’en revient toujours pas. “Je suis choquée ! Mon frère ne sentait plus son bras gauche et était déjà en arythmie cardiaque. Mon père a été contraint de le conduire de Gigean à la clinique Saint-Jean.” Une prise de tension et un électrocardiogramme plus tard Alexandre est renvoyé… vers le centre hospitalier de Sète.
Les soignants décrètent alors l’état d’urgence. Alexandre est transporté par hélicoptère vers le CHU de Montpellier, au service soins intensifs d’Arnaud-de-Villeneuve.
“C’est quand mon père a dit à l’interne sétois qu’Alexandre avait récemment reçu une troisième dose que tout s’est accéléré”, détaille Marine. La maman, elle, confesse “avoir culpabilisé au départ. Mais à l’hôpital on m’a dit "Madame vous n’êtes pas une professionnelle".”
Trois jours en soins intensifs
Alexandre passe finalement trois jours en soins intensifs puis deux jours en cardiologie. Avec un diagnostic clair : myocardite. Et une avalanche d’examens : prises de sang, échographie et IRM du cœur.
“Les médecins ont bien noté sur le compte rendu qu’il s’agissait d’un accident vaccinal, appuie Marine, la grande sœur infirmière. Son cas a été déclaré en pharmacovigilance auprès de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM).”
Du côté du centre de vaccination du Bassin de Thau à Sète, l’infirmière coordinatrice affirme, selon ses fichiers, “qu’il s’agissait, pour nous, d’une deuxième injection.”
Et qu’une myocardite est “effectivement possible”. Pour le reste, “il arrive qu’on refuse des troisièmes injections à des patients”.
Après, dans le cas présent, l’infirmière coordinatrice sétoise dit clairement “ne pas avoir été mise au courant. Nous sommes pourtant tenus de faire une remontée des incidents à l’ANSM. J’imagine que l’hôpital a dû le faire.”
Rentré chez lui samedi 8 janvier Alexandre a repris, lundi 10, le chemin du lycée et de sa classe de première. Très fatigué. Inquiet aussi. Et avec interdiction de faire du sport pendant les trois prochains mois. “Il a un traitement de bêtabloquants avant un bilan sanguin d’ici quatre semaines, éclaire la maman. Puis un IRM du cœur en mars.”
L’incompréhension le dispute finalement à la colère. “À la télé, dans les médias, on parle de la vaccination mais pas de ses effets. Mon fils est jeune. J’espère qu’il va guérir. C’est grave quand même !” Marine, la grande sœur, tranche : “Mon frère s’est fait vacciner pour pouvoir profiter de sa jeunesse et il s’est retrouvé dans un lit d’hôpital et cardiaque à 16 ans.” » Frédéric Mayet
(*) Prénoms d’emprunt.
Source : midilibre.fr le 14 janvier 2022.