"À Vannes, la solitude des femmes atteintes de troubles menstruels post-vaccinaux"

, par  J.G.
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« À la suite de l’appel lancé par Le Télégramme, 39 femmes du pays de Vannes ont décrit leurs troubles menstruels survenus après leurs injections de vaccin contre la Covid. Des perturbations pénibles, voire invalidantes pour certaines, qui restent souvent sans traitement et toujours sans explication.

Doriane (*), 47 ans, n’a pas cessé de saigner depuis le 20 juillet. Lasse des douleurs et des saignements, elle va se faire retirer son utérus. Aline Le Corre, 49 ans, a fait une hémorragie vaginale. Elle a terminé aux urgences en juillet, tout comme Béatrice (*), 46 ans, qui y a fait deux passages, victime de fissures vaginales et anales atrocement douloureuses. Elles ne sont toujours pas résorbées aujourd’hui.

Pour elles, il y un avant et un après le vaccin

Ces trois femmes ont en commun le caractère totalement inédit de leurs symptômes, et l’apparition de ces troubles après leur première ou deuxième injection de vaccin contre la Covid - Pfizer en l’occurrence. Doriane, Aline et Béatrice ont passé une batterie d’examens qui n’ont rien révélé d’anormal, éliminant ainsi les causes auxquelles leurs gynécologues avaient pensé. Reste le vaccin. Cela ne signe pas un lien de cause à effet, mais en tout cas une concomitance, suffisamment sérieuse et concernant suffisamment de femmes pour pousser les États-Unis à lancer des recherches, bien que les troubles menstruels soient par ailleurs courants.

Les 39 femmes qui ont répondu à notre questionnaire, dont 30 vaccinées avec le produit de Pfizer, et les autres avec celui de Moderna, en sont toutes venues à soupçonner leurs injections d’être au moins un facteur expliquant leurs symptômes : l’absence de règles pendant un ou plusieurs mois pour 31,6 % d’entre elles ; des règles beaucoup plus abondantes, plus fréquentes, ou qui durent plus longtemps (26,3 %) ; des cycles devenus erratiques alors qu’ils avaient une régularité de métronome (18,4 %) ; d’autres symptômes comme les fissures vaginales ou des nausées (15,8 %), et deux femmes ménopausées qui ont recommencé à saigner. Pour une des femmes questionnées par Le Télégramme, tout est rentré dans l’ordre à la mi-octobre.

“Quand j’ai demandé à mon médecin le rôle du vaccin dans l’apparition des mes fissures anales et vaginales et mon absence de règles depuis juin, il m’a prise pour une folle”.

Des femmes en mal d’écoute

Parmi les femmes déréglées suite au vaccin, beaucoup ont entendu la même réponse de leurs médecins : le “stress et la fatigue” sont désignés comme coupables. “Quand je lui ai demandé le rôle du vaccin dans l’apparition des mes fissures anales et vaginales et mon absence de règles depuis juin, il m’a prise pour une folle. Il m’a dit "ça n’a rien à voir" ”, raconte Béatrice, actuellement en études infirmières. “Mais quand je suis allée faire une échographie pelvienne, fin septembre, la radiologue m’a tout de suite demandé si j’étais vaccinée et elle m’a dit "Ne cherchez pas plus loin, c’est le vaccin" ”, ajoute-t-elle, désorientée par ces messages contradictoires. Le gynécologue de Régine, une enseignante qui a subi de très fortes douleurs après sa deuxième injection, a lui aussi identifié le vaccin comme probable responsable. Mais ce qui se dit dans le secret de la relation thérapeutique ne franchit pas la porte des cabinets. Aucune des 39 femmes n’a été incitée à déposer un signalement auprès de l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament. “Un médecin qui ose se mouiller publiquement ça ne court pas les rues, affirme Doriane, aide-soignante. Cela peut lui porter préjudice. Oui le vaccin arrive à lutter contre la Covid, maintenant je ne sais pas ce qu’il provoque comme catastrophe d’effets secondaires.”

“On n’a jamais vu cela, par exemple des femmes qui saignent pendant des mois, et sur lesquelles on ne trouve pas de polype ou de cancer.”

Des médecins perplexes

En incapacité de pouvoir écarter ou valider un effet vaccin, les médecins rassurent comme ils peuvent leurs patientes. Hervé Fournis, gynécologue vannetais, estime que “le lien entre les vaccins anti-Covid et ces troubles menstruels n’est pas évident. J’ai eu trois ou quatre patientes qui m’ont fait la remarque qu’elles ont des saignements inhabituels, mais c’est vraiment ponctuel. Il n’y a pas de traitement à donner mais je leur dis de rappeler s’il y a un problème”.

D’autres médecins sont plus inquiets. G., un généraliste qui fait beaucoup de suivis gynécologiques dans le pays de Vannes, estime qu’il a reçu depuis cet été des signalements de troubles menstruels chez “une vaccinée sur deux dans ma patientèle. On n’a jamais vu cela, par exemple des femmes qui saignent pendant des mois, et sur lesquelles on ne trouve pas de polype ou de cancer.”

Il s’étonne que le principe de précaution n’ait pas été appliqué. “On n’a aucune idée de l’impact de ces vaccins sur la fertilité. D’autre part, la notion de balance bénéfice-risque ne s’applique que quand on envisage un traitement sur un patient qui a une pathologie déclarée, pas sur un vaccin”. Le médecin appelle de ses vœux une grande étude française sur le phénomène.

(*) Prénoms d’emprunt »

Source : letelegramme.fr le lundi 1er novembre 2021.

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