“Draghi appelle à pouvoir ajuster les salaires pour aider l’euro” Information envoyée par Bruno Arfeuille
Mario Draghi, vice-président de Goldman Sachs pour l’Europe entre 2002 et 2005 [1], est l’un des banquiers centraux les mieux payés du monde. Selon le rapport annuel 2013 de la BCE, son salaire a atteint l’an dernier 378 240 euros, en hausse de 1,1% par rapport à 2012 [2].
« Le président de la Banque centrale européenne Mario Draghi a appelé la zone euro à pouvoir répondre aux crises “par l’ajustement des salaires”, afin de renforcer la viabilité de la monnaie unique.
“Tous les pays de la zone euro doivent être capables de prospérer indépendamment. Cela signifie que chaque économie doit être assez flexible pour trouver et exploiter ses avantages comparatifs, afin de bénéficier du marché unique”, a déclaré M. Draghi lors d’un discours à Helsinki.
“Ils doivent être en mesure d’allouer les ressources efficacement et créer un environnement des affaires dynamique, de sorte que leurs économies puissent attirer des capitaux et générer assez d’emplois”, a-t-il poursuivi.
“Et ils doivent être assez flexibles pour répondre rapidement aux chocs de court terme, y compris par l’ajustement des salaires ou la réallocation des ressources entre les secteurs”, a estimé M. Draghi.
Le banquier central n’a pas cité de pays en particulier où cet “ajustement des salaires” serait judicieux, ni précisé comment les gouvernements pourraient instaurer cette flexibilité.
Il a expliqué que l’union monétaire, quoique “irrévocable”, restait “toujours incomplète” sans “transferts budgétaires permanents entre pays” ni forte mobilité des chômeurs à travers les frontières.
Par conséquent la zone euro doit selon lui mettre en place des mécanismes permettant que les crises touchant un pays ne plombent pas tous les autres.
“Le manque de réformes structurelles fait naître le spectre d’une divergence économique permanente entre les membres. Et dans la mesure où cela menace la cohésion essentielle de l’Union, cela a des conséquences potentiellement dommageables pour tous les membres de l’union monétaire européenne”, a affirmé le président de la BCE.
Interrogé lors d’une discussion à l’université d’Helsinki sur le “risque que nous revenions au système du XIXe siècle” où les salaires et les prix pouvaient fortement baisser ou augmenter, M. Draghi a défendu la nécessité de la “dévaluation interne” (abaisser les coûts d’un pays quand il n’est pas possible d’abaisser le taux de change).
Il a rappelé que des pays (qu’ils n’a pas nommés) avaient dû abaisser leurs coûts quand la crise économique mondiale avait souligné leur manque de compétitivité face à d’autres économies de la zone euro.
“La principale leçon que je tirerais de cette expérience est que nous devons être très attentifs au sein d’une union monétaire à ne pas laisser nos salaires et nos prix dévier. Nous devons être très attentifs à maintenir ces pays compétitifs au sein de l’union”, a déclaré l’Italien.
Lors de la même discussion, M. Draghi a aussi eu un échange avec le parlementaire européen Olli Rehn, qui plaidait pour un plan de relance en Allemagne.
“Sommes-nous vraiment convaincus qu’une politique budgétaire expansionniste en Allemagne changerait la vie de 350 millions de personnes dans toute la zone euro ? La réponse est : pas tellement”, lui a rétorqué M. Draghi. »
Source : letemps.ch avec AFP