Néonazis ukrainiens entraînés par l’armée française au camp de La Courtine en Creuse. Comment est-ce possible Emmanuel Macron !?

, par  John Groleau
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Le 22 mai dernier, Mediapart a publié une enquête de Sébastien Bourdon sur « l’armée française [qui] entraîne des néonazis ukrainiens au combat » [1]. « Un groupe venu en France [au camp de La Courtine, dans le sud de la Creuse,] à la fin de l’année 2023 comptait dans ses rangs d’authentiques néonazis. Une donnée que l’armée française ne pouvait ignorer : l’un portait le symbole de la SS tatoué sur le visage » [2].

Trois captures d’écran sur X-Twitter


Tout d’abord, on ne peut que saluer le travail réalisé par ce « Journaliste Indépendant & Enquêteur en Sources Ouvertes » [3]. En effet, cela n’a pas dû être facile pour lui de faire publier cet article sur Mediapart... Edwy Plenel ferme les yeux sur l’extrême droite ukrainienne depuis au moins le 28 octobre 2022 (et il n’est pas le seul !). Ce dernier, qui a cédé sa place de président et de directeur de la publication du journal en ligne le 14 mars 2024, a ignoré notamment la mise en avant par le Parlement européen en 2022 pour le Prix Sakharov d’une photo d’Olga Malyuchenko, la fiancée de Mister Frostovik, c’est-à-dire Nikolai « Frost » néonazi membre du régiment Azov [4].

Olga Malyuchenko et l’ancien blason du bataillon Azov avec les symboles du Soleil noir & de la Wolfsangel, utilisée par la 2e division SS Panzer Das Reich
Source de l’image : gossip-ua.com le 8 août 2022 ; copie


Sur Frost, on reconnaît l’écusson « Totenkopf » avec la présence de l’emblème de la division « Leibstandarte SS Adolf Hitler » évoqué le 29 septembre 2022.


Il a également détourné le regard concernant Mykhailo Volynets, syndicaliste de l’extrême droite ukrainienne, présent en particulier le 20 juin 2023 lors du meeting de l’intersyndicale à Paris [5].

Tweet d’Edwy Plenel - 20 juin 2023
Mykhailo Volynets - Cliquez sur l’image pour avoir davantage d’informations sur le président de la Confédération des syndicats libres d’Ukraine (KVPU)


Les mondes syndical, politique et médiatique détournent les yeux au sujet du président de la Confédération des syndicats libres d’Ukraine (KVPU) [6].

Au centre, Mykhailo Volynets et Tea Jarc, secrétaire confédérale de la Confédération européenne des syndicats (CES - ETUC). À gauche, Grygorii Osovyi, président de la Fédération des syndicats d’Ukraine (FPU). Avril 2024.


Capture d’écran. Compte Twitter- X d’Olivier Besancenot.


Mykhailo Volynets avec Luc Triangle (secrétaire général de la Confédération syndicale internationale - CSI - ITUC), Christy Hoffman (secrétaire générale d’UNI Global Union), Paul Nowak (secrétaire général du Trades Union Congress) et Atle Høie (secrétaire général d’IndustriALL Global Union), mai 2024



Grygorii Osovyi avec Svyatoslav Palamar, commandant adjoint de Denis Prokopenko (Azov). La FPU est affiliée à la CSI.


Esther Lynch (secrétaire générale de la CES) avec Grygorii Osovyi et Vasyl Andreyev (vice-président de la FPU)


Concernant l’article de Sébastien Bourdon, on peut néanmoins soulever quelques remarques.

La première, il semble avoir confondu la 3e brigade d’assaut « Azov » ukrainienne, commandée par le néonazi Andriy Biletsky, avec la 12e brigade des forces spéciales Azov de la Garde nationale d’Ukraine, commandée par le néonazi Denis Prokopenko.

Capture d’écran - X Twitter


En février 2023, le régiment Azov a été réorganisé en 12e brigade [7]. Prokopenko, ancien membre du « White Boys Club » du Dynamo Kiev [8], et son adjoint Svyatoslav Palamar, sont tous deux membres depuis 2014 du régiment Azov et ont servi sous Biletsky, l’un de ses fondateurs. Celui-ci se retira du commandement d’Azov fin 2014 afin de s’engager dans la vie politique, et il participa à la fondation en octobre 2016 du Corps national [9]. Il reprit du service en février/mars 2022 pour finalement en janvier 2023 être à la tête de la 3e brigade. En face de lui, lors de la bataille de Bakhmout [10], il y avait le groupe de mercenaires Wagner dont l’un des fondateurs fut le néonazi Dmitri Outkine. Mort dans le crash avec Evguéni Prigojine, Outkine a été inhumé près de Moscou le jeudi 31 août 2023 auprès de mémoriaux aux morts de la Seconde guerre mondiale [11], ce qui est purement scandaleux ! Il est bien évident que Vladimir Poutine ne peut prétendre être un adversaire des néonazis !

La deuxième remarque est d’avoir oublié d’indiquer à ses lecteurs qu’Andriy Biletsky est à la tête de cette 3e brigade... Notons qu’il n’est pas le seul ces derniers mois ! [12] Sans oublier de rappeler que le 14 août 2023, Volodymyr Zelensky a mis sur ses comptes Instagram & Telegram une vidéo avec les néonazis Andriy Biletsky et Maxim Jorin DANS L’INDIFFÉRENCE GÉNÉRALE !

Denis Prokopenko - Maxim Jorin


Nos médias mainstream ont une attitude concernant les néonazis à géométrie variable ! Mais on ne peut pas et on ne doit pas fermer les yeux sur les néonazis, y compris ukrainiens, car ce sont des ennemis de l’Humanité !

Maintenant, il est nécessaire de consacrer quelques lignes au traitement de l’information des néonazis ukrainiens au camp de La Courtine par le journal local La Montagne, l’un des maîtres absolus de l’information avec France Bleu Creuse dans le département.

Tout d’abord, un jour après l’article publié par Mediapart, la Une de La Montagne était consacrée à « La traînée sanglante de la Das Reich », suivie de trois pages sur le sujet.


À la page 3, il y avait le passage suivant :

« Actualité. Plus de 80 ans après ses crimes, la Das Reich fait encore parler d’elle... Une polémique concerne le bataillon ukrainien "Azov", qui a adopté un symbole ressemblant à celui de la division SS. Le gouvernement ukrainien a dû écarter les soupçons et nettoyer le bataillon de ses éléments néonazis. » [13]

Signalons que le « bataillon ukrainien "Azov" » est rapidement devenu un régiment pendant l’année 2014 et qu’il a été partiellement financé par l’un des principaux oligarques ukrainiens, Ihor Kolomoisky, « l’homme qui a favorisé l’ascension politique d’un certain Volodymyr Zelensky, le président ukrainien actuel » [14].

Il avait non seulement repris la Wolfsangel, utilisée par la 2e division SS Panzer Das Reich, mais aussi le Soleil noir !

Quant au fait de « nettoyer le bataillon de ses éléments néonazis », son commandant est donc le néonazi Denis Prokopenko ! Et on pourrait évoquer également Bohdan Krotevych (nom de guerre « Tavr »), commandant par intérim de la brigade Azov pendant quelques mois et chef d’état-major, grand admirateur des nazis Stepan Bandera et Roman Choukhevytch [15], commandants historiques de l’Armée insurrectionnelle ukrainienne (UPA), organisation ayant participé à l’extermination des Juifs en Ukraine et au massacre de Polonais.

Ukrainian Nazi German Schutzmannschaft Battalion 201 with Roman Shukhevych [Roman Choukhevytch] (sitting, second from left), 1942. (PD via Wikimedia)


Le 25 mai, La Montagne publie sur leur site Web un texte très court [16] partagé sur Facebook [17] et X-Twitter [18].

Pour l’édition papier, il a fallu attendre le dimanche 26 mai pour voir La Montagne évoquer le sujet des néonazis à La Courtine dans la rubrique « Indiscrétions » page 8 en reprenant en gros le texte publié sur le Web... Et nulle mention du néonazi Andriy Biletsky, en sachant que par courriel j’avais fait cette observation le 24 mai à son directeur éditorial, Éric Donzé, et à certains correspondants de ce journal !


Catherine Couturier, la députée creusoise, avait réagi dès le 23 mai sur Facebook [19] et sur X-Twitter [20]. Elle a patienté le mardi 28 mai pour voir sa réaction publiée dans La Montagne.


Régis Parayre, président de la Libre pensée de la Creuse (et par ailleurs président du Comité laïque des amis du monument aux morts de Gentioux), m’a transmis par courriel le communiqué suivant le 31 mai :

« Il est évident que la fédération de la Creuse de la "Libre Pensée" condamne le fait que l’armée française, au camp de la Courtine, puisse contribuer à la formation d’éléments de l’armée ukrainienne considérés comme nazis. Cependant nous ne perdons pas de vue la guerre qui s’éternise entre l’Ukraine et la Russie guerre qui fait des dizaines de milliers de morts civils et militaires dans les deux camps. Comme militants pacifistes, dans cette situation, nous exigeons un cessez-le-feu immédiat, l’arrêt de toute opération sur le terrain et l’ouverture de négociations pour une solution politique au conflit. Nous n’oublions pas aussi de dénoncer les va t’en guerre de tout bord notamment le président Macron qui va jusqu’à envisager l’intervention d’un contingent français sur le front. Nous dénonçons la politique de la canonnière installée par les prétendues démocraties occidentales qui fournissent des armes high tech redoutables créant ainsi les conditions pour une installation durable du conflit avec le risque de sa propagation. Nous exigeons l’arrêt de cette course au surarmement et que s’engage une offensive diplomatique tous azimuts avec l’objectif d’un cessez-le-feu immédiat. Le fracas des armes en Ukraine ne nous fait pas oublier l’épouvantable intervention de l’armée israélienne à Gaza avec ses dizaines de milliers de victimes civiles, l’apparition de la famine et la destruction généralisée des villes et des villages. À Gaza comme en Ukraine, nous exigeons l’arrêt des bombardements et un cessez-le-feu immédiat, c’est une question d’humanité.
Maudite soit la guerre ! »


Comme le soulignait Catherine Couturier, « En Creuse, le camp d’entraînement de La Courtine est proche de lieux de massacres comme Dontreix ou Janaillat. » Le 9 juin 1944, la veille du massacre d’Oradour-sur-Glane, les nazis de la Das Reich pendirent 99 habitants à Tulle en Corrèze et au même moment, un autre détachement de cette même division, exécuta 31 maquisards à Janaillat, au lieu-dit du Combeauvert, dans la Creuse.


Au lendemain de la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron, le chef de l’État s’est rendu à Tulle le 10 juin dernier dans la matinée, puis à Oradour-sur-Glane. Un déplacement « particulièrement scruté » selon France Info [21], mais aucun journaliste pour demander des explications au chef des armées sur ce qui s’est passé au camp de La Courtine !


Dans les prochains jours, les élections législatives arrivent avec Jordan Bardella et l’extrême droite française qui connaît fort bien Vladimir Poutine et l’extrême droite ukrainienne...

Jean-Marie Le Pen et le néonazi Oleh Tyahnybok, novembre 2009


Marine Le Pen et Vladimir Poutine en 2017



Avec une très grande partie de la « gauche » française européiste ayant perdu tous ses principaux repères depuis les années du vichyste Mitterrand, on peut être particulièrement inquiet pour la suite des événements.

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