Bandera et le nazisme ukrainien champions de l’« Occident » Bandera und der ukrainische nazismus : champions deS « WEStENS »
Texte soutenu par :
- Léon Landini, président de l’Amicale Carmagnole-Liberté (anciens FTP-MOI), président du PRCF, ancien officier FTP-MOI, Grand Mutilé de Guerre, Médaille de la Résistance, Officier de la Légion d’honneur, décoré par l’URSS pour faits de Résistance
- Pierre Pranchère, ancien Franc-Tireur et Partisan français des Maquis de Corrèze, Combattant volontaire de la Résistance, ancien député de la Nation, ancien député européen, ancien membre du Comité central du PCF, vice-président du PRCF
- Hermine Pulvermacher, ancien agent de liaison des FTP-MOI, ancienne secrétaire générale du Groupe communiste à l’Assemblée nationale, Chevalier de la Légion d’honneur au titre de la Résistance, titulaire de l’Ordre national du Mérite
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Les illustrations ne sont pas le fait de l’auteur mais de la rédaction.
Version française
La guerre d’Ukraine a été lancée par la Russie après huit ans d’agression ukraino-occidentale (2014-2022) contre les russophones de l’Est ukrainien. Leurs 14 000 morts, en majorité des civils, avaient intéressé nos grands médias aussi peu que ceux d’Irak, de Serbie, d’Afghanistan et de Syrie, attaqués, depuis 1991, par les États-Unis en quête mondiale de contrôle pétrolier et gazier et autres matières premières, sous couvert de l’OTAN soumis à commandement unique américain depuis sa fondation (1950). La coalition occidentale, qui a d’emblée ridiculisé l’objectif officiel russe de « dénazification » annoncé en février 2022 – conforme aux « principes politiques » inscrits dans le Protocole de la Conférence de Potsdam (1er août 1945) [1] —, affirme agir contre la Russie au nom de la « démocratie » (nouveau nom du « Monde libre » de l’époque soviétique) —. La guerre se prolongeant, l’« Occident » fait évoluer le concept de « démocratie » et « couvre » la vénération de l’État ukrainien « allié » pour ses criminels de guerre et d’avant-guerre. Ainsi érige-t-il le nazi ukrainien Stepan Bandera (1909-1959) en héraut de l’« indépendance ukrainienne » : léger défaut qu’il lui pardonne autant qu’à la « démocratie » ukrainienne post-Maïdan la promotion des groupements nazis et les coups de gourdin que le multi-millionnaire Zelenski, digne successeur du milliardaire Porochenko, administre au peuple ukrainien : destruction du code du travail, des horaires aux salaires, et interdiction des partis et journaux d’opposition, requis par les « investisseurs » états-uniens.
La « démocratie » ukraino-américaine depuis 2004 : « héros national » et majors pétrolières américaines
Bandera n’est devenu un « héros national » que depuis la « Révolution orange » américaine de 2004, et surtout depuis le coup d’État de Maïdan organisé en février 2014 par Washington contre un intolérable gouvernement ukrainien, légal mais prorusse. Sa cheffe d’orchestre la vice-secrétaire d’État aux affaires politiques, Victoria Nuland, madone néo-conservatrice du National Endowment for Democracy (CIA) et russophobe (et sinophobe) compulsive, assure son poste ukrainien depuis 1993, sous gestion démocrate ou républicaine (hors présidence Trump). Elle a avoué le 13 décembre 2013 devant le National Press Club, dans une conférence financée par le groupe pétrolier Chevron [2], puis le 15 janvier 2014 devant le comité de politique extérieure du Sénat, que le gouvernement américain avait, depuis la chute de l’URSS, « dépensé cinq milliards de dollars » pour faire triompher la « démocratie » en Ukraine — et que Chevron avait signé le 5 novembre précédent un accord pour dix milliards de dollars d’investissement en vue de forages qui mettraient fin à la « dépendance du pays envers la Russie » [3]. Mme Nuland, cantinière des putschistes de Maïdan, a depuis lors fabriqué les gouvernements ukrainiens et présidé, avec le reste de l’appareil d’État, au réarmement jusqu’aux dents de l’Ukraine, que Washington a intégrée de fait aux opérations de l’OTAN depuis juillet 2021 [4].
L’intimité des États-Unis avec le nazisme ukrainien en général a précédé la chute de l’URSS. Leur intérêt pour la caverne d’Ali Baba ukrainienne, comme celui de tous les impérialismes, n’a jamais cessé depuis l’« ouverture » de la Russie tsariste, qui leur avait cédé son économie moderne et concentrée, de la banque aux matières premières. Comme le Reich occupa longtemps le devant de la scène ukrainienne, surtout depuis la Première Guerre mondiale, les banques américaines accompagnèrent celles du Reich dans l’entre-deux-guerres. Mais au rôle second que dictait alors le primat allemand.
L’ère allemande du nazisme ukrainien
Car le Reich, première puissance à reconnaître la Russie en 1922, tint le haut du pavé dans la Russie soviétique traitée en paria par la « communauté internationale » impérialiste. Même dans l’Ukraine qu’il avait arrachée, en 1918 (jusqu’à sa défaite de novembre), à la Russie assaillie de toutes parts par quatorze puissances impérialistes de 1918 à 1920 [5], et que les bolcheviques reconquirent depuis 1920. En reconnaissant l’État soviétique, Berlin y récupéra sa capacité de nuisance, « couvert » par le Vatican : auxiliaire du Reich depuis la fin du 19e siècle et plus encore depuis 1914, la Curie mandata le clergé catholique germanique à l’espionnage militaire préparatoire au nouvel assaut projeté [6].
Les nazis bandéristes dans l’avant-guerre
C’est dans ce contexte que grandit Bandera, produit-type de l’uniatisme de Galicie orientale (Ukraine occidentale), arme de guerre de l’Église romaine contre l’orthodoxie depuis 1595-1596. Fils d’un prêtre uniate, il fut élevé comme ses pareils dans la haine fanatique des Polonais, des Russes, des juifs et des opposants, sous l’autorité d’Andreï Szepticky évêque uniate de Lemberg (Lwow en polonais, Lvov en russe, Lviv en ukrainien) nommé en 1900. Russophobe, polonophobe et antisémite de choc, Szepticky devait comme tous ses prédécesseurs convertir les orthodoxes de l’Est, mission liée à la conquête germanique. Ce fut d’abord au service de Vienne, maîtresse de la Galicie orientale, puis, Pie X préférant depuis 1907 les puissants Hohenzollern aux Habsbourg moribonds, l’évêque accompagna jusqu’à sa mort (novembre 1944) le Drang nach Osten (« poussée vers l’Est ») du Reich, impérial, « républicain » et hitlérien.
Le Reich, qui finançait avant 1914 « l’autonomisme ukrainien » contre la Russie, transforma l’Ukraine en fief militaire pendant la Première Guerre mondiale. Il accrut ensuite l’effort dans la Galicie orientale, dévolue en 1921 par la France antisoviétique à la Pologne réactionnaire Depuis 1929, Berlin entretenait l’« Organisation des Ukrainiens nationalistes » (OUN) que Stefan Bandera (20 ans), « chef de l’organisation terroriste ukrainienne en Pologne », avait fondée avec ses fidèles lieutenants Mykola Lebed et Iaroslav Stetsko. Ils participèrent, à la campagne antisoviétique sur « la famine génocidaire en Ukraine » décrite dès 1987 par le photographe et militant syndicaliste canadien Douglas Tottle, pionnier de l’étude du nazisme ukrainien [7]. Lancée par le Reich et le Vatican, à l’été 1933, c’est-à-dire après que l’excellente récolte de juillet eut mis fin à la disette ou à la famine, répercutée avec zèle par tous leurs alliés, dont la Pologne, avec pour centre Lwow, elle prépara idéologiquement la conquête de l’Ukraine. Berlin et le Vatican s’étaient engagés par un des deux articles secrets du Concordat du Reich de juillet 1933 à la mener ensemble [8].
Les bandéristes rendirent en Pologne aussi de grands services, non seulement contre les juifs mais aussi contre l’État. Bandera et Lebed assassinèrent le 15 juin 1934, année faste des attentats allemands contre les chefs d’État et ministres, le ministre de l’Intérieur polonais, Bronislaw Pieracki, pourtant en extase, comme ses chefs, Pilsudski et Beck, devant « l’ami allemand ». Les nazis de l’OUN jouaient en Galicie orientale, a écrit Grzegorz Rossolinski-Liebe en 2014 dans sa thèse de référence sur Bandera, le même rôle que les oustachis croates d’Ante Pavelitch, les nazis slovaques du Parti Hlinka, les Gardes de fer roumains et autres nazis d’Europe orientale : gavés de marks, ils avaient tous « adopté le fascisme, l’antisémitisme, le suprématisme racial, le culte de la guerre et toute une gamme de valeurs d’extrême droite » [9]. Pour ne pas froisser ses « amis » allemands, Varsovie commua la peine de mort de Bandera et Lebed édictée (seulement) en 1936 en prison à vie. L’occupant allemand les en libéra dès l’invasion de septembre 1939.
Les nazis bandéristes dans la Deuxième Guerre mondiale
Depuis lors, l’OUN uniate, puissante en Ukraine slovaque et polonaise (absente d’Ukraine soviétique), fut le laquais du Reich. Elle fut subdivisée en 1939 - 1940 en OUN-M et OUN-B, respectivement dirigés par Andrei Melnik et par le trio Bandera - Lebed - Stetsko, divisés seulement par leur désaccord, de façade, sur « l’indépendance ukrainienne » : Melnik n’en parlait plus, Bandera chérissait par le verbe « l’indépendance » dont le Reich ne voulait à aucun prix.
Les deux OUN aidèrent le Sipo-SD (la Gestapo) et l’Abwehr à préparer l’occupation de la Pologne, puis de l’URSS. Ses membres peuplèrent les « académies [allemandes] de police » de Pologne occupée et accrurent leurs ravages après Barbarossa : aux côtés de la Wehrmacht, ils liquidèrent immédiatement 12 000 juifs en Galicie orientale, et ne cessèrent plus. Supplétifs du Sipo-SD, ils torturèrent et exterminèrent sans répit avec la bénédiction des clercs uniates, dont Szepticky, bénisseur des bandéristes de la 14e Légion des Waffen SS Galicia (1943 - 1944) et d’ailleurs. Dans les Einsatzkommandos, les prisons, les camps de concentration et ailleurs, les deux OUN massacraient les « ennemis de la nation ukrainienne » : Ukrainiens « non loyaux », juifs de toute nationalité, Russes et Polonais non juifs, dont les 100 000 de Volhynie, exploit de Bandera qui perturbe les actuels rapports (faussement) idylliques Varsovie-Kiev. En Pologne et en URSS, jusqu’à la libération soviétique complète de l’Ukraine (Lvov, juillet 1944), ces champions du « nettoyage ethnique » jouèrent dans « la destruction des juifs » le rôle des « États satellites [du Reich] par excellence » (Croatie et Slovaquie) [10]. Le conflit officiel, très secondaire, entre Berlin et les bandéristes, sur « l’indépendance » ukrainienne, valut en 1942 à Bandera et Stetsko l’emprisonnement en « camp d’honneur » à Sachsenhausen (à 30 km de Berlin). Lebed, en fuite, dirigea en leur nom l’« armée insurrectionnelle ukrainienne » (UPA) : formée en 1942 de ces polices auxiliaires de la Wehrmacht et de la SS, l’UPA liquidait les ennemis communs.
Bandera et Stetsko auraient été libérés de leur « bunker d’honneur » hôtelier jusqu’en septembre 1944, contèrent-ils a posteriori à la CIA. En juillet 1944, une grande partie des massacreurs avait quitté l’Ukraine dans les fourgons allemands. Berlin fonda pour ses nazis ukrainiens le « Conseil suprême ukrainien de libération » (UHVR), puis, en novembre 1944 un « Comité national ukrainien » — à majorité bandériste. Haute preuve de « résistance nationale et antinazie » ! La prise soviétique de Berlin les précipita à Munich, centre historique du nazisme intérieur et de l’expansion du Deutschtum depuis l’entre-deux-guerres [11], devenu au printemps 1945 une des capitales de la zone d’occupation américaine. Sur les « 250 000 Ukrainiens » établis en 1947 « en Allemagne, en Autriche et en Italie », prétendues « personnes déplacées », « un grand nombre étaient des membres avérés ou des sympathisants de l’OUN » [12].
Le reste des criminels de l’OUN-UPA étaient restés en Galicie orientale désormais soviétique où, clandestins, ils massacrèrent encore, sous la houlette de leurs clercs uniates : « en Ukraine occidentale », des « dizaines de milliers » d’entre eux tuèrent « 35 000 cadres de l’armée et du parti soviétiques entre 1945 et 1951 » [13], dirigés par leurs amis étrangers, non plus seulement allemands, mais aussi américains.
De la légende post-Stalingrad du combat pour l’indépendance nationale aux articles du Monde de janvier 2023
La défaite du Reich se profilant après Stalingrad, l’OUN-UPA commença à s’inventer une histoire « résistante » : clé de la propagande russophobe actuelle, cette légende fut diffusée dans tout l’« Occident » quand la clique Bandera devint officiellement « alliée » contre l’URSS. Ainsi se développa le mythe d’une « résistance des nationalistes ukrainiens » aussi antinazie qu’antibolchevique, qu’entretient désormais la grande presse « occidentale ». Le Monde a consacré les 7 et 8 janvier à Bandera, deux articles à ce héros naïf de l’indépendance ukrainienne. Le premier, « Stepan Bandera, l’antihéros ukrainien glorifié après l’agression russe » poussait l’indulgence à tel point qu’il y en eut, peut-être devant des réactions nombreuses, un second. Le titre fut plus engageant — « Guerre en Ukraine : le mythe Bandera et la réalité d’un collaborateur des nazis »—, pas le contenu : Bandera « luttait par tous les moyens pour libérer l’Ukraine des jougs successifs de la Pologne et de l’Union soviétique ». Il ne collabora avec « l’Allemagne nazie » que pour ce noble objectif qui lui fit voir en Hitler « un allié possible pour lancer la révolution nationale ukrainienne contre l’oppresseur soviétique qui avait orchestré, entre autres atrocités, la grande famine de 1932-1933, l’Holodomor, décimant de 3 à 5 millions d’Ukrainiens. » Il avait donc bien des excuses.
Les deux articles, truffés de gros mensonges et de mensonges par omission, font de Bandera « un symbole de résistance et d’unité nationale », un héros complexe et « contesté ». Ce qualificatif a indigné Arno Klarsfeld, qu’alarme désormais la glorification « occidentale » des nazis ukrainiens : « Le Monde devient un journal partial et mensonger : Bandera n’est pas une figure “controversée”, il a activement participé à la Shoah. Comment Le Monde qualifierait Goring ? “controversé” lui aussi ? honte pour un journal sérieux !!! c’est réellement honteux. » Le 15 mars 2014, le journal admettait encore que le coup d’État de Maïdan avait mis les nazis à la tête de l’Ukraine. Certes, avec sa russophobie héritée de l’organe du Comité des Forges, Le Temps, son prédécesseur : « L’extrême droite ukrainienne, cible inespérée pour Moscou. La visibilité sur Maïdan des groupuscules néonazis, ultra-minoritaires, nourrit la propagande russe contre le nouveau pouvoir à Kiev ». Alors, fondée ou pas ? La science historique avait avancé dès 1987, avec Tottle sur la « famine génocidaire », sur les massacres et sur les escroqueries de l’OUN-OPA sur ses activités de 1929 à 1945 [14]. Rossolinski-Liebe — dont l’après-« révolution orange » en Ukraine a menacé la sécurité personnelle et interdit les conférences —, a complété le tableau sur le criminel absolu Bandera. L’article du Monde du 8 janvier mentionne sa thèse, sans mot dire, et pour cause, de son contenu.
La tutelle américaine sur le dossier ukrainien depuis 1944-1945
Les héros ukraino-nazis de « l’indépendance nationale » ont compté beaucoup dans les longs préparatifs de la présente ère américaine de l’Ukraine. Dans leur objectif de conquête mondiale, les États-Unis incluaient la Russie en général, et l’Ukraine en particulier, mais durent ici se contenter à l’ère allemande de « l’Europe » d’un rôle mineur [15]. Le capital financier américain s’était, depuis 1919, associé aux capitaux allemands en Europe orientale. Sa grande presse, dont Hearst, porte-parole des milieux germano-américains, participa à la campagne sur « la famine génocidaire en Ukraine » à partir de 1935 – cinquante ans avant le tapage reaganien sur « l’Holodomor » (son nouveau nom) [16]. La fin de la Deuxième Guerre mondiale sonna l’heure, sinon de la relève du Reich, de la collaboration avec les héritiers du Reich en vue, notamment, de la conquête de l’Ukraine.
La stratégie américaine de conquête de l’Europe entière se dévoila entre le compromis territorial de Yalta en février 1945, haï d’emblée, et la décision définitive, en 1947-1948, de liquider, non seulement la zone d’influence soviétique, mais l’État soviétique avec. La tâche fut confiée à Frank Wisner et George Kennan. Wisner, avocat d’affaires de Wall Street, avait été envoyé en 1944 en Roumanie par l’avocat d’affaires Allen Dulles, chef de l’OSS-Europe depuis novembre 1942, à Berne : il fallait éviter un avenir soviétique à ce pays champion des massacres antisémites en négociant avec ses élites qui y avaient trempé [17]. Kennan, diplomate, avait passé sa carrière, depuis 1931 à Riga (Lettonie) puis dans divers postes, à combattre l’URSS [18]. Le Département d’État confia donc à ce tandem, dans le cadre de la CIA (successeur officiel de l’OSS) fondée en juillet 1947, l’application de la directive 10/2 du National Security Council du 18 juin 1948 qui prescrivait la liquidation générale du socialisme européen [19]. Vedette de la Guerre froide, Kennan, raisonnable depuis sa retraite, mit, en vain, Washington en garde contre l’expansion de l’OTAN à l’Est, contre la Russie, après 1991 [20].
L’Ukraine occupait dans cette ligne un rôle central, et Washington s’appuya sur l’expérience de l’Allemagne (occidentale) redevenue alliée à peine vaincue (comme après la Grande Guerre). L’historien Christopher Simpson a décrit dès 1988 l’incroyable sauvetage-recyclage par l’OSS et ses successeurs (« Strategic Services Unit » puis CIA) des criminels de guerre européens, Allemands et Ukrainiens en-tête. Harry Rositzke, chef depuis 1945, à Munich, des « opérations secrètes à l’intérieur de l’URSS » des nazis ukrainiens– et agent loyal qui ne cita aucun nom —, fit cet aveu en 1985 : « Nous savions parfaitement ce que nous faisions. La base du boulot était de se servir de n’importe quelle ordure du moment qu’elle était anticommuniste » [21]. Les historiens américains Breitman et Goda, spécialistes de la « Shoah » collaborateurs réguliers du Département d’État, ont complété le dossier en 2010.
Washington eut grand besoin du Vatican qui, sauveteur de masse des criminels de guerre via le clergé européen, maintint sa collaboration avec les héritiers du Reich mais l’adapta à son alignement sur les États-Unis maîtres de l’« Europe occidentale » et grands bailleurs de fonds (à usage intérieur, italien, et international). La Curie continua à gérer son vivier uniate de Lvov, via les prélats et les prêtres clandestins. Avait succédé à Szepticky décédé en novembre 1944 le chef bandériste Ivan Bucko, ancien « évêque auxiliaire de Lvov » (depuis 1929), associé aux préparatifs de Barbarossa puis à la « rechristianisation » ratée des Russes. Washington agréa dès l’été 1945 cet « expert du Vatican sur les questions ukrainiennes [d’]opinions radicalement antirusses », comme « visiteur apostolique des Ruthènes de l’armée d’Ukraine » (l’OUN-UPA), chef, à Rome, jusqu’en 1971, « des Ukrainiens en Europe occidentale » [22].
Dès juillet 1944, juste avant l’entrée de l’Armée rouge à Lvov, les massacreurs du « Conseil suprême ukrainien de libération » (UHVR) avaient, prélats compris, traité, sous l’aile romaine, « avec les gouvernements occidentaux ». Les alliés-rivaux anglais et américains collaborèrent avec les groupes dirigés, d’une part, par Bandera-Stetsko (80% des effectifs ukrainiens des « camps de personnes déplacées en Australie, au Canada, en Grande-Bretagne, aux États-Unis et autres pays occidentaux à la fin des années 1940 ») et, d’autre part, par Lebed et le prélat uniate Ivan Hrinioch, agent de liaison avec le Vatican [23].
Les Américains avaient dès mai 1945 récupéré et installé, tout près de Munich, comme espion en chef, le général nazi (membre du NSDAP) de la Wehrmacht Reinhard Gehlen : chef du « renseignement militaire allemand sur le front de l’Est » dans l’URSS occupée (Fremde Heere Ost, FHO), Gehlen, responsable des « interrogatoires », avait dirigé les collaborateurs soviétiques de toutes les régions occupées, dont l’Ukraine et fabriqué depuis 1942 l’armée Vlassov. Ces soldats de l’Armée rouge ralliés à la Wehrmacht pour ne pas périr formèrent des bandes criminelles qui rendirent, en URSS et jusque contre les résistants français en 1943-1944 [24], les mêmes services que les nazis uniates. Gehlen, grand criminel de guerre, reçut en 1945 d’immenses responsabilités : l’espionnage de renseignement et d’agression contre l’URSS, mais aussi l’action anticommuniste en zone américaine. Adenauer, qui l’appréciait autant, lui confia, à la fondation de la RFA, à l’automne 1949, ses services secrets : le grand nazi Gehlen dirigea donc le Bundesnachrichtendienst (BND) jusqu’à sa retraite en 1968 [25]. Vu l’expérience allemande acquise depuis la décennie 1930, son apport en Ukraine fut décisif. Entouré exclusivement d’anciens nazis, dont ses anciens adjoints en URSS occupée, Gehlen maintint donc sans rupture la collaboration germano-ukrainienne.
Londres et Washington collaborèrent et rivalisèrent dans l’usage de Bandera et de ses sbires. Washington fut plus discret mais laissa les bandéristes (majoritaires) et autres membres de l’OUN se reconstituer à Munich et alentour. Les alliés-rivaux refusèrent sous tous les prétextes de livrer Bandera et autres criminels de guerre ukrainiens « réfugiés » à l’URSS, qui les réclamait depuis le début de 1946 pour les juger. Les Américains aidèrent Bandera à s’installer à Munich dès août 1945, lui forgèrent des papiers d’identité (au nom de Stefan Popel) et autres faux documents, dont l’un d’« interné dans les camps de concentration nazis du 15 septembre 1941 au 6 mai 1945 [et] libéré du camp de concentration de Mauthausen » — une des légendes de la presse « occidentale » actuelle. Ils le logèrent et lui procurèrent maintes facilités, dont un lot de cartes de journaliste, y compris pour un journal « français ».
La CIA confia à Gehlen et à son BND le soin de « traiter » le compromettant Bandera, au service des « opérations » militaires en Ukraine – toujours classifiées. Bandera rapportait directement à Heinz Danko Herre, ancien second de Gehlen à la Fremde Heere Ost affecté entre autres à l’armée Vlassov et qui, « principal conseiller de Gehlen » au BND, adorait Bandera : « nous le connaissons depuis à peu près 20 ans, et, il dispose en Allemagne et en dehors, de plus d’un demi-million de partisans. » Washington fit traîner la demande de visa pour séjour aux États-Unis déposée par Bandera depuis 1955, mais le BND voulait mettre en contact direct son cher Bandera et les nazis ukrainiens d’Amérique, immigrés par dizaines de milliers depuis la fin des années 1940 : la complicité entre CIA et ministère de la Justice américain permit de violer la loi interdisant l’immigration aux nazis. « Les responsables de la CIA de Munich » finirent par accepter « l’octroi du [dit] visa en 1959 », mais Bandera ne put gagner les États-Unis : un agent du KGB l’exécuta à Munich, le 15 octobre 1959, « les Soviétiques ayant décidé qu’ils ne pouvaient se permettre la résurrection de l’alliance entre l’espionnage allemand et les fanatiques ukrainiens » (Breitman et Goda). Voilà pourquoi l’actuel « héros national » de l’Ukraine « indépendante » n’étendit pas ses activités outre-Atlantique.
Washington avait poursuivi, toujours en collaboration avec le BND, ses œuvres en Ukraine et alentour, notamment en Tchécoslovaquie, « la CIA fournissant l’argent, les approvisionnements, l’entraînement, les facilités radio et les parachutages des agents entraînés » de l’UPA. Aux États-Unis mêmes, la CIA promut d’autres alliés bandéristes en hérauts de la « démocratie » ukrainienne, tel Mykola Lebed, « sadique notoire et collaborateur des Allemands », qui avait début 1945 pris contact avec Allen Dulles à Berne : elle fit immigrer ce « chef responsable d’ “assassinats de masse d’Ukrainiens, de Polonais et de juifs” », dénoncé par des immigrés d’Europe orientale, l’installa à New York en « résident permanent », puis fit naturaliser ce chef de la propagande « nationale ukrainienne » aux États-Unis. Depuis 1955, « des tracts furent jetés par avion au-dessus de l’Ukraine, et des émissions de radio intitulées Nova Ukraina furent diffusées depuis Athènes pour consommation ukrainienne ». Tous les pays de l’OTAN furent mobilisés à cet effet.
Quand le fiasco hongrois de novembre 1956 eut stoppé les actions militaires en Europe orientale (et poussé l’obsessionnel Wisner à la folie [26]), fleurit une prétendue « association sans but lucratif » (financée, comme le reste, par la CIA), dite Prolog, chargée d’inonder l’Ukraine de propagande antisoviétique. Hrinioch, second de Lebed, en dirigea l’antenne de Munich, l’« Ukrainische Gesellschaft für Auslandsstudien » (Société ukrainienne pour les études sur l’étranger). En « 1957, Prolog diffusa 1 200 programmes radiophoniques à raison de 70 heures par mois, et distribua 200 000 journaux et 5 000 tracts. » Elle organisait la distribution des « livres d’écrivains et poètes ukrainiens nationalistes », y compris en Ukraine soviétique, « jusqu’à la fin de la Guerre froide ». Elle « finançait le voyage des étudiants et des universitaires ukrainiens aux conférences universitaires, aux festivals internationaux de la jeunesse » et autres manifestations : à leur retour, les subventionnés rendaient compte à la CIA. Prolog était le seul « truchement des opérations de la CIA en direction de la République soviétique d’Ukraine et de ses quarante millions de citoyens ukrainiens. »
Dans les années 1960, les bandéristes américains, dont Lebed, firent leur conversion publique au philosémitisme, dénonçant systématiquement « les Soviétiques pour leur antisémitisme » — thème très en vogue ces temps-ci. L’aristocrate catholique polono-américain Zbigniew Brzezinski, pilier depuis les années 1950 de la subversion permanente de l’URSS et de la scission Ukraine-Russie [27], préconisa en 1977, comme conseiller à la sécurité nationale de Jimmy Carter, l’extension de ce magnifique programme. Dans les années 1980, entre Carter et Ronald Reagan, Prolog se diversifia en direction des « autres nationalités soviétiques, qui incluaient les dissidents soviétiques juifs, suprême ironie », selon Breitman et Goda. Tactique géniale, après des décennies d’hostilité ou d’indifférence aux juifs européens [28], puisque la propagande « occidentale » transforma une URSS jadis haïe comme judéo-bolchevique en symbole de l’antisémitisme.
Les opérations américano-germano-ukraino-nazies contre l’URSS et l’Europe orientale, nommées « Cartel » puis « Aerodynamic » puis, dans les années 1980, « Qrdynamic », « Pddynamic » et « Qrplumb » [29] n’avaient jamais cessé. L’étude de Breitman et Goda s’achève en 1990, « au seuil de l’effondrement » de l’URSS : tout était alors prêt, en Ukraine, pour la phase suivante, gérée par Mme Nuland et les siens.
Traduction allemande
Bandera und der ukrainische nazismus : champions deS « WEStENS »
Annie Lacroix-Riz, emeritierte Professorin für neuzeitliche Geschichte, Universität Paris 7
Tobias Baumann, traducteur plurilingue et historien à Berlin / mehrsprachiger Übersetzer und Historiker in Berlin
Der Ukraine-Krieg wurde von Russland nach acht Jahren ukrainisch-westlicher Aggression (2014-2022) gegen die russischsprachigen Menschen in der Ostukraine begonnen. Ihre 14.000 Toten, überwiegend Zivilisten, hatten unsere Mainstream-Medien ebenso wenig interessiert wie die Todesfälle im Irak, in Serbien, Afghanistan und Syrien, die seit 1991 von den USA angegriffen werden. Die Nordamerikaner streben weltweit nach der Kontrolle über Öl, Gas und andere Rohstoffe und zwar unter dem Deckmantel der NATO, die seit ihrer Gründung (1950) einem einzigen US-Kommando untersteht. Die westliche Koalition, die das offizielle russische Ziel der « Entnazifizierung », welche im Februar 2022 angekündigt wurde und den « politischen Prinzipien » des Protokolls der Potsdamer Konferenz (1. August 1945) [30] entspricht, von Anfang an lächerlich gemacht hat, behauptet, im Namen der « Demokratie » (neuer Name für die « Freie Welt » während der Sowjetzeit) gegen Russland zu handeln. Als der Krieg weiterging, entwickelte der « Westen » das Konzept der « Demokratie » weiter und « deckte » die Verehrung des « verbündeten » ukrainischen Staates für seine Vorkriegs- und Kriegsverbrecher. So erhebt er den ukrainischen Nazi Stepan Bandera (1909-1959) zum Herold der « ukrainischen Unabhängigkeit » : Ein kleiner Schönheitsfehler, dass er ihm und der ukrainischen « Demokratie » nach dem Maidan die Förderung von Nazi-Gruppierungen ebenso verzeiht wie die Knüppel, die der Milliardär Selenski, ein würdiger Nachfolger des Milliardärs Poroschenko, dem ukrainischen Volk verabreicht : Zerstörung des Arbeitsgesetzes, von den Arbeitszeiten bis zu den Löhnen, und Verbot von Oppositionsparteien und -zeitungen, wie von den US-amerikanischen « Investoren » gefordert.
DIE UKRAINISCH-AMERIKANISCHE « DEMOKRATIE » SEIT 2004 : « NATIONALHELD » UND US-AMERIKANISCHE ÖLMAGNATEN
Bandera ist erst seit der amerikanischen « orangenen Revolution » von 2004 und vor allem seit dem von Washington gegen eine untragbare, legale, aber prorussische ukrainische Regierung organisierten Maidan-Putsch im Februar 2014 zu einem « Nationalhelden » geworden. Die stellvertretende Außenministerin für politische Angelegenheiten, Victoria Nuland, eine neokonservative Madonna des National Endowment for Democracy (CIA) und zwanghafte Russophobikerin (sowie Sinophobikerin), hat ihren ukrainischen Posten seit 1993 unter demokratischer oder republikanischer Führung (außerhalb der Präsidentschaft Trumps) inne. Sie gestand am 13. Dezember 2013 vor dem National Press Club auf einer vom Ölkonzern Chevron [31] finanzierten Konferenz und am 15. Januar 2014 vor dem außenpolitischen Ausschuss des Senats, dass die US-Regierung seit dem Zusammenbruch der UdSSR « fünf Milliarden Dollar ausgegeben » habe, um der « Demokratie » in der Ukraine zum Sieg zu verhelfen, und dass Chevron am 5. November zuvor einen Vertrag über Investitionen in Höhe von zehn Milliarden Dollar für Bohrungen unterzeichnet habe, welche die « Abhängigkeit des Landes von Russland » [32] beenden würden. Frau Nuland, die Kantinenwirtin der Maidan-Putschisten, hat seitdem die ukrainischen Regierungen ausgeheckt und zusammen mit dem Rest des Staatsapparats die intensive Aufrüstung der Ukraine vorangetrieben, die Washington ab Juli 2021 de facto in die NATO-Operationen integriert hat.
Die Vertrautheit der USA mit dem ukrainischen Nationalsozialismus im Allgemeinen bestand schon vor dem Zusammenbruch der UdSSR. Ihr Interesse an der ukrainischen Ali-Baba-Höhle hat, wie das aller Imperialismen, seit der « Öffnung » des zaristischen Russlands, das ihnen seine moderne, konzentrierte Wirtschaft – vom Bankwesen bis zu den Rohstoffen – überlassen hatte, nie aufgehört. Da das Deutsche Reich vor allem seit dem Ersten Weltkrieg lange Zeit die Hauptrolle in der Ukraine spielte, begleiteten die amerikanischen Banken in der Zwischenkriegszeit die des Deutschen Reiches. Allerdings spielten sie nur eine untergeordnete Rolle, wie es der deutsche Primat damals diktierte.
DIE DEUTSCHE ÄRA DES UKRAINISCHEN NAZISMUS
Denn das Deutsche Reich, das 1922 als erste Macht Russland anerkannte, behielt die Oberhand in Sowjetrussland, das von der imperialistischen « internationalen Gemeinschaft » als Paria behandelt wurde. Selbst in der Ukraine, die es 1918 (bis zu seiner Niederlage im November) dem von 1918 bis 1920 von vierzehn imperialistischen Mächten von allen Seiten angegriffenen Russland abgerungen hatte, [33] und das die Bolschewiken seit 1920 zurückeroberten. Durch die Anerkennung des Sowjetstaates gewann Berlin seine Fähigkeit zurück, Schaden anzurichten, und wurde dabei vom Vatikan « gedeckt » : Die Kurie war seit dem Ende des 19. Jahrhunderts und verstärkt seit 1914 eine Hilfstruppe des Reiches und beauftragte den katholischen Klerus in Deutschland mit Militärspionage zur Vorbereitung des geplanten neuen Angriffs. [34]
Die Bandera-Nazis in der Vorkriegszeit
In diesem Umfeld wuchs Bandera auf, geprägt durch den ostgalizischen (westukrainischen) Uniatismus, der seit 1595-1596 die Kriegswaffe der römisch-apostolischen Kirche gegen die Orthodoxie war. Als Sohn eines unierten Priesters wurde er wie seine Altersgenossen unter Andrej Szepticky, dem 1900 ernannten unierten Bischof von Lemberg (polnisch Lwow, russisch Lvov, ukrainisch Lviv), zu fanatischem Hass auf Polen, Russen, Juden und Andersgläubige erzogen. Der russophobe, polonophobe und schockierend antisemitische Szepticky sollte wie alle seine Vorgänger die Orthodoxen im Osten bekehren, eine Aufgabe, die mit der germanischen Eroberung verbunden war. Da Pius X. seit 1907 die mächtigen Hohenzollern den sterbenden Habsburgern vorzog, begleitete der Bischof bis zu seinem Tod (November 1944) den Drang nach Osten des kaiserlichen, « republikanischen » und Hitlerschen Reiches.
Das Deutsche Reich, das vor 1914 den « ukrainischen Autonomismus » gegen Russland finanziert hatte, verwandelte die Ukraine während des Ersten Weltkriegs in eine militärische Hochburg. Seit 1929 unterhielt Berlin die « Organisation Nationalistischer Ukrainer » (OUN), die Stefan Bandera (20), der « Führer der ukrainischen Terrororganisation in Polen », zusammen mit seinen treuen Leutnants Mykola Lebed und Jaroslaw Stetsko gegründet hatte. Sie beteiligten sich an der antisowjetischen Kampagne über die « genozidale Hungersnot in der Ukraine », welche der kanadische Fotograf und Gewerkschaftsaktivist Douglas Tottle, ein Pionier der Erforschung des ukrainischen Nationalsozialismus, bereits 1987 beschrieben hatte. [35] Diese Kampagne wurde vom Deutschen Reich und dem Vatikan im Sommer 1933 gestartet, d. h. nachdem die ausgezeichnete Ernte im Juli die Hungersnot beendet hatte ; von allen ihren Verbündeten, einschließlich Polen, eifrig weiterverbreitet, mit Lwow als Zentrum, und bereitete ideologisch die Eroberung der Ukraine vor. Berlin und der Vatikan hatten sich in einem der beiden geheimen Artikel des Reichskonkordats vom Juli 1933 verpflichtet, sie gemeinsam durchzuführen. [36]
Auch in Polen leisteten die Banderisten große Dienste, nicht nur gegen die Juden, sondern auch gegen den Staat. Bandera und Lebed ermordeten am 15. Juni 1934, dem Glanzjahr deutscher Attentate auf Staatsoberhäupter und Minister, den polnischen Innenminister Bronislaw Pieracki, obwohl er wie seine Chefs Pilsudski und Beck in Ekstase über den « deutschen Freund » war. Die OUN-Nazis spielten in Ostgalizien, so schrieb Grzegorz Rossolinski-Liebe 2014 in seiner Standard-Dissertation über Bandera, die gleiche Rolle wie die kroatischen Ustascha unter Ante Pavelitsch, die slowakischen Nazis der Hlinka-Partei, die rumänischen Eisernen Garden und andere osteuropäische Nazis : Mit Reichsmark vollgestopft, hatten sie alle « Faschismus, Antisemitismus, Rassensuprematismus, Kriegskult und eine ganze Reihe von rechtsextremen Werten übernommen ». [37] Um seine deutschen « Freunde » nicht zu brüskieren, wandelte Warschau die (erst) 1936 verhängte Todesstrafe für Bandera und Lebed in lebenslange Haft um. Die deutschen Besatzer ließen sie nach der Invasion im September 1939 wieder frei.
Die Bandera-Nazis im Zweiten Weltkrieg
Seitdem war die unierte OUN, die in der slowakischen und polnischen Ukraine stark war (in der Sowjetukraine fehlte sie), der Lakai des Deutschen Reiches. Sie wurde 1939/40 in die OUN-M und OUN-B unter Andrej Melnik bzw. dem Trio Bandera-Lebed-Stetsko unterteilt, die nur durch ihre vordergründige Meinungsverschiedenheit über die « ukrainische Unabhängigkeit » gespalten waren : Melnik sprach nicht mehr davon, Bandera hielt mit dem Verb « die Unabhängigkeit » hoch, die das Reich um keinen Preis wollte.
Die beiden OUN halfen der Sipo-SD (Gestapo) und der Abwehr bei der Vorbereitung der Besetzung Polens und später der UdSSR. Ihre Mitglieder bevölkerten die « Polizeiakademien » im besetzten Polen und steigerten ihre Verheerungen nach Barbarossa : An der Seite der Wehrmacht liquidierten sie sofort 12.000 Juden in Ostgalizien und hörten nicht mehr auf. Als Handlanger der Sipo-SD folterten und vernichteten sie unerbittlich mit dem Segen unierter Geistlicher, darunter Szepticky, der die Banderisten in der 14. Legion der Waffen-SS Galizien (1943-1944) und anderswo segnete. In den Einsatzkommandos, Gefängnissen, Konzentrationslagern und anderswo massakrierten beide OUN die « Feinde der ukrainischen Nation » : « illoyale » Ukrainer, Juden aller Nationalitäten, Russen und nichtjüdische Polen, darunter die 100.000 von Wolhynien, eine Heldentat Banderas, welche die derzeitigen (fälschlich) idyllischen Beziehungen zwischen Warschau und Kiew stört. In Polen und der UdSSR spielten diese Meister der « ethnischen Säuberung » bis zur vollständigen sowjetischen Befreiung der Ukraine (Lemberg, Juli 1944) bei der « Vernichtung der Juden » eine ähnliche Rolle wie die « Satellitenstaaten [des Reiches] par excellence » (Kroatien und Slowakei). [38] Der offizielle, sehr nebensächliche Konflikt zwischen Berlin und den Banderisten über die ukrainische « Unabhängigkeit » brachte Bandera und Stetsko 1942 die Inhaftierung im « Ehrenlager » in Sachsenhausen (30 km von Berlin entfernt) ein. Der geflohene Lebed führte in ihrem Namen die « Ukrainische Aufstandsarmee » (UPA) an : 1942 aus diesen Hilfspolizeien der Wehrmacht und der SS gebildet, liquidierte die UPA gemeinsame Feinde.
Bandera und Stetsko sollen bis September 1944 aus ihrem Hotel-« Ehrenbunker » befreit worden sein, wie sie im Nachhinein gegenüber der CIA erzählten. Im Juli 1944 hatte ein Großteil der Massenmörder die Ukraine in deutschen Transportern verlassen. Berlin gründete für seine ukrainischen Nazis den « Obersten Ukrainischen Befreiungsrat » (UHVR) und im November 1944 ein « Ukrainisches Nationalkomitee », das mehrheitlich aus Banderisten bestand. Das war ein Beweis für « nationalen und antinazistischen Widerstand » ! Die sowjetische Eroberung Berlins führte sie nach München, dem historischen Zentrum des inneren Nationalsozialismus und der Ausbreitung des Deutschtums in der Zwischenkriegszeit, [39] das im Frühjahr 1945 zu einer der Hauptstädte der amerikanischen Besatzungszone wurde. Von den « 250.000 Ukrainern », die sich 1947 « in Deutschland, Österreich und Italien » als angebliche « Vertriebene » niedergelassen hatten, « waren viele nachweislich Mitglieder oder Sympathisanten der OUN ». [40]
Der Rest der OUN-UPA-Verbrecher war im nunmehr sowjetischen Ostgalizien geblieben, wo sie im Untergrund unter der Führung ihrer unierten Kleriker immer noch Massaker verübten : « In der Westukraine » töteten « Zehntausende » von ihnen « 35.000 sowjetische Armee- und Parteikader zwischen 1945 und 1951 », [41] von ihren ausländischen Freunden gelenkt, nicht mehr nur von den Deutschen, sondern auch von den Amerikanern.
Von der Post-Stalingrad-Legende vom Kampf für die nationale Unabhängigkeit zu den Artikeln in Le Monde vom Januar 2023
Als sich nach Stalingrad die Niederlage des Deutschen Reiches abzeichnete, begann die OUN-UPA, sich eine « Widerstands »-Geschichte zu erfinden : Diese Legende ist der Schlüssel zur heutigen russophoben Propaganda und wurde im gesamten « Westen » verbreitet, als die Bandera-Clique offiziell zum « Verbündeten » gegen die UdSSR wurde. So entwickelte sich der Mythos vom « Widerstand der ukrainischen Nationalisten », der ebenso antinazistisch wie antibolschewistisch war, und der nun von der großen « westlichen » Presse gepflegt wird. Le Monde widmete Bandera am 7. und 8. Januar zwei Artikel, die sich mit diesem naiven Helden der ukrainischen Unabhängigkeit befassten. Der erste, « Stepan Bandera, l’antihéros ukrainien glorifié après l’agression russe » („Stepan Bandera, der ukrainische Antiheld, der nach der russischen Aggression verherrlicht wurde“), trieb die Nachsicht so weit, dass es, vielleicht aufgrund der zahlreichen Reaktionen, einen zweiten Artikel gab. Der Titel war ansprechender : « Krieg in der Ukraine : Der Mythos Bandera und die Realität eines Nazi-Kollaborateurs ». Bandera « kämpfte mit allen Mitteln, um die Ukraine von den aufeinanderfolgenden Jochs Polens und der Sowjetunion zu befreien ». Er arbeitete mit « Nazi-Deutschland » nur für dieses edle Ziel zusammen, das ihn in Hitler « einen möglichen Verbündeten sehen ließ, um die ukrainische nationale Revolution gegen den sowjetischen Unterdrücker zu starten, der neben anderen Gräueltaten die große Hungersnot von 1932-1933, den Holodomor, inszeniert hatte, bei der 3 bis 5 Millionen Ukrainer dezimiert wurden. » Bandera hatte also viele Ausreden.
Die beiden Artikel, die mit großen Lügen und Auslassungslügen gespickt sind, machen aus Bandera « ein Symbol des Widerstands und der nationalen Einheit », einen komplexen und « umstrittenen » Helden. Diese Bezeichnung empörte Arno Klarsfeld, den nun die « westliche » Glorifizierung der ukrainischen Nazis alarmiert : « Le Monde wird zu einer voreingenommenen und verlogenen Zeitung : Bandera ist keine umstrittene´ Figur, er hat aktiv am Holocaust teilgenommen. Wie würde {Le Monde} Göring bezeichnen? Auch er ist
umstritten´ … eine Schande für eine seriöse Zeitung !!! das ist wirklich beschämend. » Am 15. März 2014 gab die Zeitung noch zu, dass der Maidan-Putsch die Nazis an die Spitze der Ukraine gebracht habe. Allerdings mit ihrer Russophobie, die sie vom Vorgängerorgan des Comité des Forges, Le Temps, geerbt hatte : « Die ukrainische extreme Rechte, ein unverhofftes Ziel für Moskau. Die Sichtbarkeit der ultraminoritären Neonazi-Gruppierungen auf dem Maidan nährt die russische Propaganda gegen die neue Macht in Kiew ». Begründet oder nicht ? Die Geschichtswissenschaft hatte bereits 1987 mit Tottle über die « genozidale Hungersnot », die Massaker und die Betrügereien der OUN-OPA über ihre Aktivitäten von 1929 bis 1945 Fortschritte gemacht. [42] Rossolinski-Liebe-dessen persönliche Sicherheit nach der « orangenen Revolution » in der Ukraine bedroht und dessen Vorträge verboten wurden – hat das Bild über den absoluten Verbrecher Bandera vervollständigt. Der Artikel in Le Monde vom 8. Januar erwähnt seine These, ohne ein Wort über ihren Inhalt zu verlieren, und das aus gutem Grund.
DIE AMERIKANISCHE VORMUNDSCHAFT ÜBER DIE UKRAINISCHE FRAGE SEIT 1944/45
Die ukrainisch-nazistischen Helden der « nationalen Unabhängigkeit » hatten einen großen Anteil an den langen Vorbereitungen für die gegenwärtige amerikanische Ära der Ukraine. Die USA schlossen Russland im Allgemeinen und die Ukraine im Besonderen in ihr Ziel der Welteroberung ein, mussten sich hier aber in der deutschen « Europa »-Ära mit einer untergeordneten Rolle begnügen. [43] Das amerikanische Finanzkapital hatte sich seit 1919 mit dem deutschen Kapital in Osteuropa verbündet. Seine große Presse, darunter Hearst als Sprachrohr der deutsch-amerikanischen Kreise, beteiligte sich ab 1935 an der Kampagne über die « genozidale Hungersnot in der Ukraine » – fünfzig Jahre vor dem Reaganschen Getöse über den « Holodomor » (so sein neuer Name). [44] Das Ende des Zweiten Weltkriegs läutete die Stunde, wenn nicht der Ablösung des Reichs, so doch der Zusammenarbeit mit den Erben des Reichs, die unter anderem die Eroberung der Ukraine zum Ziel hatte.
Die amerikanische Strategie, ganz Europa zu erobern, offenbarte sich zwischen dem von Anfang an verhassten territorialen Kompromiss von Jalta im Februar 1945 und der endgültigen Entscheidung 1947/48, nicht nur die sowjetische Einflusszone, sondern auch den sowjetischen Staat mit ihr zu liquidieren. Mit dieser Aufgabe wurden Frank Wisner und George Kennan betraut. Wisner, ein Wirtschaftsanwalt von der Wall Street, war 1944 von dem Wirtschaftsanwalt Allen Dulles, seit November 1942 Chef des OSS-Europa in Bern, nach Rumänien geschickt worden : Man sollte diesem Land, das Meister antisemitischer Massaker war, eine sowjetische Zukunft ersparen, indem man mit den Eliten, die in diese Massaker verwickelt waren, verhandelte. [45] Kennan, ein Diplomat, hatte seine Karriere seit 1931 in Riga (Lettland) und dann in verschiedenen Positionen damit verbracht, die UdSSR zu bekämpfen. [46] Das State Department beauftragte daher dieses Tandem im Rahmen der im Juli 1947 gegründeten CIA (offizieller Nachfolger des OSS) mit der Umsetzung der Direktive 10/2 des National Security Council vom 18. Juni 1948, die die allgemeine Liquidierung des europäischen Sozialismus vorschrieb. [47] Als Star des Kalten Krieges warnte der seit seiner Pensionierung vernünftige Kennan Washington vergeblich davor, mit der NATO nach 1991 gen Osten gegen Russland zu expandieren. [48]
Die Ukraine nahm in dieser Linie eine zentrale Rolle ein, und Washington stützte sich auf die Erfahrung, dass (West-)Deutschland nach einer Niederlage wieder zum Verbündeten wurde (wie nach dem Ersten Weltkrieg). Der Historiker Christopher Simpson beschrieb bereits 1988 die unglaubliche Rettung und Wiederverwertung europäischer Kriegsverbrecher durch das OSS und seine Nachfolger (« Strategic Services Unit » und später CIA), allen voran Deutsche und Ukrainer. Harry Rositzke, seit 1945 in München Leiter der « geheimen Operationen innerhalb der UdSSR » der ukrainischen Nazis – und ein loyaler Agent, der keine Namen nannte – gab 1985 zu : « Wir wussten genau, was wir taten. Die Grundlage des Jobs war es, jeden Abschaum zu benutzen, solange er antikommunistisch war ». [49] Die amerikanischen Historiker Breitman und Goda, Spezialisten für den « Holocaust » und reguläre Mitarbeiter des US-Außenministeriums, haben das Dossier 2010 vervollständigt.
Washington brauchte den Vatikan dringend, der als Massenretter von Kriegsverbrechern über den europäischen Klerus seine Zusammenarbeit mit den Erben des Deutschen Reichs fortsetzte, sie aber an seine Ausrichtung auf die Vereinigten Staaten als Herrscher über « Westeuropa » und große Geldgeber (für inländische, italienische und internationale Zwecke) anpasste. Die Kurie verwaltete weiterhin ihren unierten Pool in Lemberg über Prälaten und Untergrundpriester. Nachfolger des im November 1944 verstorbenen Szepticky war der Chef-Banderist Ivan Bucko, ein ehemaliger « Weihbischof von Lemberg » (seit 1929), der an den Vorbereitungen für Barbarossa und der gescheiterten « Rechristianisierung » der Russen beteiligt war. Washington ließ diesen « vatikanischen Experten für ukrainische Fragen mit radikal antirussischen Ansichten » im Sommer 1945 als « Apostolischen Visitator der Ruthenen der Ukrainischen Armee » (OUN-UPA) zu, der bis 1971 in Rom das Oberhaupt der « Ukrainer in Westeuropa » war. [50]
Bereits im Juli 1944, kurz bevor die Rote Armee in Lemberg einmarschierte, hatten die Massenmörder des « Obersten Ukrainischen Befreiungsrats » (UHVR), Prälaten eingeschlossen, unter römischen Fittichen « mit den westlichen Regierungen » verhandelt. Die britischen und amerikanischen Rivalen-Alliierten arbeiteten mit den Gruppen zusammen, die einerseits von Bandera-Stetsko (80% des ukrainischen Personals in den « Lagern für Vertriebene in Australien, Kanada, Großbritannien, den USA und anderen westlichen Ländern Ende der 1940er Jahre ») und andererseits von Lebed und dem unierten Prälaten Ivan Hrinioch, der Verbindungsmann zum Vatikan war, angeführt wurden. [51]
Die Amerikaner hatten bereits im Mai 1945 den Nazi-General (Mitglied der NSDAP) der Wehrmacht Reinhard Gehlen in der Nähe von München als Chefspion übernommen und eingesetzt : Gehlen, Chef des « deutschen militärischen Nachrichtendienstes an der Ostfront » in der besetzten UdSSR (Fremde Heere Ost, FHO), war für die « Verhöre » zuständig und hatte die sowjetischen Kollaborateure in allen besetzten Gebieten, einschließlich der Ukraine, geleitet und seit 1942 die Wlassow-Armee aufgebaut. Diese Soldaten der Roten Armee, die sich der Wehrmacht angeschlossen hatten, um nicht zugrunde zu gehen, bildeten kriminelle Banden, die in der UdSSR und 1943/44 sogar gegen die französischen Widerstandskämpfer vorgingen ebenso wie die unierten Nazis. [52] Gehlen, ein großer Kriegsverbrecher, erhielt 1945 immense Verantwortung : Geheimdienst- und subversive Aggressionsspionage gegen die UdSSR, aber auch antikommunistische Aktionen in der amerikanischen Zone. Adenauer, der ihn ebenso schätzte, übertrug ihm bei der Gründung der Bundesrepublik Deutschland im Herbst 1949 seinen Geheimdienst : Der große Nazi Gehlen leitete also den Bundesnachrichtendienst (BND) bis zu seiner Pensionierung 1968. [53] Angesichts der deutschen Erfahrung, die er seit den 1930er Jahren gesammelt hatte, war sein Beitrag in der Ukraine entscheidend. Da Gehlen ausschließlich von ehemaligen Nazis umgeben war, darunter seine ehemaligen Stellvertreter in der besetzten UdSSR, setzte er die deutsch-ukrainische Zusammenarbeit ohne Bruch fort.
London und Washington arbeiteten zusammen und wetteiferten im Einsatz von Bandera und seinen Schergen. Washington war diskreter, ließ aber zu, dass sich die Banderisten (in der Mehrheit) und andere Mitglieder der OUN in München und Umgebung neu formierten. Die alliierten Rivalen weigerten sich unter allen Vorwänden, Bandera und andere « geflüchtete » ukrainische Kriegsverbrecher an die UdSSR auszuliefern, die seit Anfang 1946 nach ihnen verlangte, um sie vor Gericht zu stellen. Die Amerikaner halfen Bandera, sich ab August 1945 in München niederzulassen, fälschten für ihn Ausweise (auf den Namen Stefan Popel) und andere gefälschte Dokumente, darunter eines über « Interniert in Nazi-Konzentrationslagern vom 15. September 1941 bis 6. Mai 1945 [und] befreit aus dem Konzentrationslager Mauthausen », eine der Legenden der heutigen « westlichen » Presse. Sie brachten ihn unter und verschafften ihm zahlreiche Vergünstigungen, darunter eine Reihe von Journalistenausweisen, auch für eine « französische » Zeitung.
Die CIA beauftragte Gehlen und seinen BND mit der « Bearbeitung » des kompromittierenden Bandera im Dienste der militärischen « Operationen » in der Ukraine – welche immer noch als geheim klassifiziert sind. Bandera berichtete direkt an Heinz Danko Herre, Gehlens ehemaligen Stellvertreter in der Fremde Heere Ost, der unter anderem in der Wlassow-Armee eingesetzt war und als « Gehlens Hauptberater » beim BND Bandera verehrte : « Wir kennen ihn seit etwa 20 Jahren, und er hat in und außerhalb Deutschlands mehr als eine halbe Million Anhänger. » Washington verschleppte Banderas seit 1955 gestellten Antrag auf ein Visum für die USA, aber der BND wollte seinen geliebten Bandera direkt mit den ukrainischen Nazis in Amerika in Kontakt bringen, die seit Ende der 1940er Jahre zu Zehntausenden eingewandert waren : Die Komplizenschaft zwischen der CIA und dem US-Justizministerium ermöglichte es, gegen das Gesetz zu verstoßen, das Nazis die Einwanderung untersagte. « Die CIA-Beamten in München » stimmten schließlich der Erteilung des Visums im Jahr 1959″ zu, aber Bandera konnte nicht in die USA gelangen : Ein KGB-Agent richtete ihn am 15. Oktober 1959 in München hin, da die Sowjets beschlossen hatten, dass sie sich die Wiederbelebung der Allianz zwischen der deutschen Spionage und den ukrainischen Fanatikern nicht leisten konnten » (Breitman und Goda). Aus diesem Grund weitete der heutige « Nationalheld » der « unabhängigen » Ukraine seine Aktivitäten nicht über den Atlantik aus.
Washington setzte seine Arbeit in der Ukraine und Umgebung, insbesondere in der Tschechoslowakei, in Zusammenarbeit mit dem BND fort, wobei « die CIA Geld, Vorräte, Ausbildung, Funkverbindungen und Fallschirmabwürfe für die ausgebildeten Agenten » der UPA bereitstellte. In den Vereinigten Staaten selbst beförderte die CIA andere banderistische Verbündete zu Vorboten der ukrainischen « Demokratie », wie Mykola Lebed, ein « notorischer Sadist und Kollaborateur der Deutschen », der Anfang 1945 mit Allen Dulles in Bern Kontakt aufgenommen hatte : Sie ließ diesen « Anführer, der für `Massenmorde an Ukrainern, Polen und Juden´ verantwortlich war » und von osteuropäischen Einwanderern denunziert worden war, einwandern, siedelte ihn als « ständigen Residenten » in New York an und ließ diesen Anführer der « ukrainisch-nationalen » Propaganda in den USA einbürgern. Seit 1955 wurden « Flugblätter aus Flugzeugen über der Ukraine abgeworfen und Radiosendungen mit dem Titel Nova Ukraina aus Athen für ukrainischen Konsum gesendet ». Alle NATO-Länder wurden zu diesem Zweck mobilisiert.
Als das ungarische Fiasko vom November 1956 die Militäraktionen in Osteuropa gestoppt hatte (und den obsessiven Wisner in den Wahnsinn trieb) [54], blühte eine sogenannte « gemeinnützige Organisation » (die wie alles andere von der CIA finanziert wurde) namens Prolog auf, welche die Ukraine mit antisowjetischer Propaganda überschwemmen sollte. Hrinioch, Lebeds Stellvertreter, leitete den Münchner Ableger der Organisation, die « Ukrainische Gesellschaft für Auslandsstudien ». Im Jahr « 1957 sendete Prolog 1.200 Radioprogramme mit 70 Stunden pro Monat und verteilte 200.000 Zeitungen und 5.000 Flugblätter. » Sie organisierte den Vertrieb von « Büchern ukrainischer nationalistischer Schriftsteller und Dichter » auch in der Sowjetukraine « bis zum Ende des Kalten Krieges ». Sie « finanzierte die Reise ukrainischer Studenten und Akademiker zu Hochschulkonferenzen, internationalen Jugendfestivals » und anderen Veranstaltungen : Nach ihrer Rückkehr erstatteten die Geförderten der CIA Bericht. Prolog war die einzige « Verbindungsorganisation für die Operationen der CIA in Richtung der Ukrainischen Sowjetrepublik und ihrer 40 Millionen ukrainischen Bürger ».
In den 1960er Jahren bekehrten sich die amerikanischen Banderisten, darunter Lebed, öffentlich zum Philosemitismus und prangerten systematisch « die Sowjets wegen ihres Antisemitismus » an, ein Thema, das heutzutage sehr beliebt ist. Der polnisch-amerikanische katholische Aristokrat Zbigniew Brzezinski, seit den 1950er Jahren eine tragende Säule der permanenten Subversion der UdSSR und der Spaltung der Ukraine und Russlands, [55] befürwortete 1977 als Nationaler Sicherheitsberater von Jimmy Carter die Ausweitung dieses großartigen Programms. In den 1980er Jahren, zwischen Carter und Ronald Reagan, diversifizierte Prolog in Richtung « andere sowjetische Nationalitäten, zu denen auch jüdische sowjetische Dissidenten gehörten – höchste Ironie », so Breitman und Goda. Geniale Taktik, nach Jahrzehnten der Feindseligkeit oder Gleichgültigkeit gegenüber europäischen Juden, [56] da die « westliche » Propaganda die einst als jüdisch-bolschewistisch verhasste UdSSR in ein Symbol des Antisemitismus verwandelte.
Die US-amerikanisch-deutsch-ukrainisch-nazistischen Operationen gegen die UdSSR und Osteuropa, die zunächst « Kartell », dann « Aerodynamic » und in den 1980er Jahren « Qrdynamic », « Pddynamic » und « Qrplumb » genannt wurden, [57] hatten nie aufgehört. Die Studie von Breitman und Goda endet 1990, « an der Schwelle zum Zusammenbruch » der UdSSR : In der Ukraine war alles bereit für die nächste Phase, die von Frau Nuland und ihren Leuten geleitet wurde.