Commentaire adressé au journal l’Humanité suite à un texte de Jean Rouaud
Dans l’Humanité du 16 février 2016, journal fondé par Jean Jaurès, on ne peut qu’être consterné devant la conclusion de la chronique de Jean Rouaud p. 15 : « Alors clarifions : le souverainisme est le cache-sexe du nationalisme. Il n’y a pas de souverainisme de gauche. Tout souverainiste est de droite ».
Ainsi en suivant sa logique, Jean Jaurès était de droite, quand celui-ci écrivait le 15 janvier 1888 : « Ils [Les enfants] seront citoyens et ils doivent savoir ce qu’est une démocratie libre, quels droits leur confère, quels devoirs leur impose la souveraineté de la nation » [1], ou encore lorsqu’il déclarait dans son discours du 21 novembre 1893 à la Chambre des députés : « Oui, par le suffrage universel, par la souveraineté nationale, qui trouve son expression définitive et logique dans la République, vous avez fait de tous les citoyens, y compris les salariés, une assemblée de rois. C’est d’eux, c’est de leur volonté souveraine qu’émanent les lois et le gouvernement ; ils révoquent, ils changent leurs mandataires, les législateurs et les ministres ; mais, au moment même où le salarié est souverain dans l’ordre politique, il est dans l’ordre économique réduit à une sorte de servage » [2].
Jean Rouaud semble chercher ses réponses dans l’étymologie, il serait souhaitable qu’il le fasse également dans les livres d’Histoire. Il serait temps de savoir qu’en 1789, « peuple et nation étaient des termes équivalents, juste avant que de subtiles juristes adversaires de la démocratie, n’inventent une distinction entre peuple et nation » [3].
Le souverainisme de gauche, c’est celui de la souveraineté populaire encore appelée démocratie.
Et la plus grande des forfaitures de Tsipras est d’avoir balayé la conclusion de son discours du 27 juin 2015 : « Pour nous, pour les générations suivantes, pour l’histoire des Grecs. Pour la souveraineté et la dignité de notre peuple » [4].