70ème anniversaire de la bataille de Stalingrad - Allocution de Léon Landini Léon Landini, Ancien Officier FTP-MOI, Officier de la Légion d’Honneur au titre de la Résistance, Médaille de la Résistance, Grand Mutilé de Guerre

, par  Léon Landini, Tribune libre
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Mesdames, Messieurs, chers amis, très chers camarades.

Merci à toutes et à tous, de permettre par votre présence ici, de rendre à l’occasion du 70ème anniversaire de la bataille de Stalingrad, un grand hommage aux vaillants soldats de l’Armée Rouge qui, le 2 février 1943, après plus de 200 jours d’un siège effroyable, mirent fin aux combats en remportant une immense victoire sur l’armée nazie.

Je tiens aussi à remercier mes camarades du Pôle de Renaissance Communiste en France, initiateurs et organisateurs de cette manifestation. Sans leur pugnacité et leur volonté de faire de ce 70ème anniversaire une date marquante dans notre pays, ce rassemblement n’aurait pas eu lieu.

J’adresse également un salut fraternel à mon ami et camarade André SCHMER, ici présent, qui fut le plus jeune combattant des FTP-MOI de la région Rhône-Alpes.

Tout en écrivant cette intervention, j’ai revécu une quantité de souvenirs que je croyais effacés. Ceux-ci me sont réapparus comme si cela venait de se passer il y a seulement quelques jours. La mémoire ! Oui, la mémoire est une force impérieuse ! Impossible de la contrôler, impossible de lui échapper. Elle nous fait revivre des images vues ou vécues que l’on croyait oubliées et qui, pourtant, vous serrent le cœur et vous arrachent une sueur glacée.

C’est la gorge serrée, que j’ai revu le beau visage souriant de mon ami et camarade Simon FRID, qui âgé de vingt ans, a été condamné à la peine capitale par un tribunal des « Sections Spéciales ». Le 4 décembre 1943, jour de son exécution, lorsque ses bourreaux l’entrainaient vers la mort, il se dégagea en leur disant : « vous allez voir comment sait mourir un jeune communiste » et il se présenta tout seul vers la machine à couper les têtes. Au moment précis ou le couperet tomba, la TOTALITÉ des internés de la prison Saint-Paul à Lyon, lui rendirent un vibrant hommage, en chantant la Marseillaise et l’Internationale.

Le 24 août 1944, à la prison du Fort-Montluc à Lyon (cette sinistre prison où Jean Moulin finit ses jours sous la torture), au moment même d’être libérés, les 950 internés, parmi lesquels je me trouvais, communistes et non communistes, chantèrent tous et d’une seule voix la Marseillaise et l’Internationale. L’union du drapeau Tricolore et du drapeau Rouge s’était faite dans nos prisons.

Aujourd’hui, mes chers amis, si nous célébrons la victoire de Stalingrad, c’est d’abord et avant tout, pour des raisons morales qui tiennent à l’immense gratitude que tous les peuples libérés doivent à l’URSS et à la population soviétique qui a payé un si lourd tribut pour notre libération. Rendre hommage aux combattants de Stalingrad, c’est pour nous anciens résistants, un devoir auquel nous ne saurions nous soustraire.

Je conserve très profond le souvenir des images de propagande nazie, aperçues en 1942 au cours des actualités cinématographiques de l’époque. Sur la ville de Stalingrad tournoient des centaines d’avions allemands, l’explosion des bombes faisant crouler les murs des maisons et des bâtiments d’usines, la terre se cabre, l’air est emplit de fumée et de sifflement de balles. La propagande nazie fanfaronnait déjà sur la mort programmée de cette ville et de l’écrasement total de l’Union Soviétique et du communisme. Comment, me disais-je, les soviétiques vont-ils pouvoir tenir sous ce déluge de feu ? Pourtant à un certain moment, à un contre dix, dos à la Volga, contre toute croyance, non seulement l’armée Rouge tint bon, mais le 2 févier 1943, elle reçu la reddition, du Général Von Paulus et des 300 000 soldats qu’il commandait. Avec cette défaite, il en était fini de la soit disant invincibilité de l’armée allemande.

Avant Stalingrad, nous les Résistants qui dans notre pays nous battions les armes à la main, malgré les conditions difficiles dans lesquelles nous combattions, nous étions convaincus de vaincre. Mais après Stalingrad notre conviction s’était changée en certitude, nous étions désormais certains que c’en était bien fini du nazisme et du fascisme. La Libération de notre pays n’était plus cette illusion qui nous avait animés pendant 2 ans, nous savions maintenant que cette libération était désormais toute proche.

En France, cette victoire, facilita et permit le 27 mai 1943, la constitution du Conseil National de la Résistance. Le 15 mars 1944, ce fut alors la proclamation du programme du Conseil National de la Résistance. Ce programme, qu’il nous faut défendre de toutes nos forces, malgré toutes les destructions qu’il a subies, il continue toujours à apporter un mieux être à l’ensemble de nos concitoyens.

Malgré la défaite de Stalingrad, Hitler était toujours désireux de démontrer que cette bataille n’était qu’une bataille de perdue et qu’elle n’avait en rien altéré la puissance allemande. Il décida, cinq mois plus tard, pour démontrer à nouveau son invincibilité, de s’emparer de la ville de Koursk. Pour cela il engagea, le 5 juillet 1943, l’essentiel de ses forces, c’est-à-dire, près d’un million de soldats, avec 2 800 chars, 10 000 canons et 2 000 avions. Ce fut un véritable combat de titans, mais face à l’engagement irréductible et à la détermination des soldats de l’Armée Rouge, un mois et demi plus tard, c’est-à-dire le 23 août 1943, la Wehrmacht archi-battue quittait les environs de Koursk, en laissant près de 100 000 hommes sur le terrain, ainsi qu’une grande partie de son matériel de guerre.

Cette fois-ci, il en était vraiment fini de l’invincibilité de la Wehrmacht et la libération de la France apparaissait désormais toute proche. Et cette guerre se termina avec l’image devenue immortelle de la photo d’un soldat de l’Armée soviétique, issant le drapeau Rouge de la Victoire sur le toit du Reichstadt. Cette fois-ci, il en était vraiment bien fini du nazisme et du fascisme.

Gloire aux soldats et aux peuples soviétiques auxquels nous devons en grande partie notre libération !

Gloire et respect au pays des soviets qui a sacrifié plus de 25 millions de ses enfants dans la lutte contre le fascisme et le nazisme !

Reconnaissance éternelle aux héroïques combattants de Stalingrad !

Léon Landini, le 2 février 2013 à Paris

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