Reconquérir les communes, les départements et la République !
Pour beaucoup, la refondation de la République semble relever de l’incantation.
La 6ème République surgirait miraculeusement et toute armée de démocratie d’un soudain mouvement populaire.
C’est faire bon marché de la vaste coalition de la « France d’en haut » qui œuvre a éteindre toute possibilité et jusqu’au souvenir d’un fonctionnement moins dictatorial des institutions.
Un tel couvercle conservateur ne peut « sauter » que si s’accumule sous lui une énorme pression, une volonté de détente qui ne peut se former que concrètement au sein de toute la Société.
Bien sûr, afin de maintenir ce couvercle fermé, pèsent tous ceux qui nient ou combattent la montée de la pression des mécontentements et veulent nous convaincre que ça passera et que tout finira par s’arranger.
Contre ceux-ci, il est essentiel de scruter l’état d’esprit et la montée de l’exaspération sociale, mais aussi les tensions et les failles au sein du « couvercle » et qui pourraient en affaiblir la solidité.
Or, nous venons d’entrer, en France, dans une période où le moindre événement pourrait faire sauter le verrou institutionnel et libérer les forces énormes des mécontentements accumulés depuis des dizaines d’années.
D’un coté, il y a la crise économique et l’exaspération sociale qui font monter une pression à laquelle les corps intermédiaires élus, les grands secteurs régaliens de l’état et les couches dites « moyennes » ne sont plus en état de s’opposer quand ils ne commencent pas à formuler leurs propres doléances.
Cette situation évoque celle du Royaume de France en 1789.
Le 5 mai de cette année là, s’ouvraient les « États Généraux du royaume de France » réunis pour recommander au Roi les mesures destinées à faire face à l’endettement du royaume vis a vis des prêteurs privés :
« …connaître les souhaits et doléances de nos peuples, de manière que …soit apporté …un remède efficace aux maux de l’État, que les abus de tous genre soient réformés et prévenus… ».
De méfiance en refus, se développait alors un processus politique de contestation croissante de la royauté et d’affirmation de la souveraineté populaire jusqu’à la transformation des États Généraux en Assemblée Constituante, c’est-à-dire en pouvoir nouveau.
Depuis deux ans, les simulacres d’ « États Généraux » et de concertation politico-syndicales, sur la Poste, l’industrie, la santé, la dépendance, les « territoires », etc, font apparaître de plus en plus la réalité d’une « France d’en haut » opposée à l’immense majorité des citoyens et, désormais, des élus locaux qui voient leur situation s’aggraver.
Élections après élections, une majorité refuse de participer aux élections, même aux élections locales.
Les électeurs ont parfaitement compris le nouveau rôle assigné aux départements, aux communes et à leurs élus par les nouvelles « lois territoires » : un rôle de transmission anti-sociale multipliant les caractères anti-démocratique des institutions nationales, simples engrenages du gouvernement, via les lois HPST, LOLF etc.
Les conseils municipaux et généraux sont chaque mois davantage corsetés par les « agglomérations », les préfets, les régions et une future modification constitutionnelle où les élus seraient interdits de déficit et d’emprunt. Des dizaines de collectivités sont piégées dans des emprunts privés « toxiques ».
Pendant ce temps, le gouvernement multiplie, sans aucun contrôle démocratique, les emprunts et les prêts privés à la charge de l’État, des grands établissements, des entreprises publiques et, au final, des contribuables.
Chacun mesure l’énorme énergie de refus que s’accumule derrière l’abstention, les oppositions exprimées, les postures, les diversions et demi-campagnes de « mobilisation » et « d’opposition ».
Le pouvoir gagne du temps pour désintéresser élus et électeurs de la gestion de leurs affaires et vider le contenu des mandats et élections. La recherche constante de compromis ne mène à rien d’autre qu’à de nouveaux blocages pour cause de nouvelles dettes venues d’on ne sait où.
Il est plus que temps d’en finir avec les atermoiements et fausses mobilisations. Il reste à refaire fonctionner la cellule de base de la souveraineté populaire : les communes, les assemblées communales et les conseils municipaux qui en sont les éléments permanents.
De telles assemblées peuvent et doivent se réunir, avec toutes leurs tendances localement constituées ou non en partis, pour exprimer leur volonté dans toute l’étendue de leurs « compétences générales ».
Ainsi peuvent se créer les conditions de la tenue de véritables États Généraux des collectivités locales examinant directement la situation réelle des finances de la Nation, le bien-fondé des propositions gouvernementales et celui des réclamations des grands financiers à l’encontre des Français.
Christian Berthier
Article publié par Le Groupe République ! : http://www.le-groupe-republique.fr/