Censuré par Arte. Par Didier Rykner

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Il y a quelques semaines, Arte souhaitait m’interviewer dans le cadre du programme Metropolis, consacré à la culture à Abou Dhabi et notamment à l’antenne du Louvre. Ils avaient, selon leurs propres termes, « du mal à trouver quelqu’un s’opposant au projet et acceptant de parler devant la caméra ».

Après deux ou trois échanges de mails, l’entretien était finalement prévu le mardi 10 mars avant d’être soudainement annulé et reporté à une date « ultérieure » sans plus de précision. Le délai de bouclage se rapprochant dangereusement, on pouvait donc légitimement s’interroger sur ce revirement de dernière minute.

On ne s’interroge plus ! Un écho de la rubrique Canard Plus de l’édition du 11 mars du Canard Enchaîné nous apprend que le Louvre avait prévenu clairement Arte : si j’étais interviewé, Henri Loyrette n’accorderait pas d’entretien. Or Arte ne peut pas se permettre de fâcher le Louvre (ils ont des accords de production).

Le 18 avril, on pourra donc voir à la télévision un documentaire très consensuel, nous expliquant à quel point le Louvre-Abou Dhabi est formidable. La preuve, il ne suscite que des louanges !

Merci donc aux présidents du Louvre et d’Arte pour avoir donné un retentissement à cette affaire bien supérieur à celui qu’aurait pu avoir un simple entretien dans une émission de seconde partie de soirée. Etre censuré par une grande chaîne publique s’apparente davantage à un honneur qu’à une brimade, surtout pour un amoureux du XIXe siècle : on se croirait revenu au bon temps de Louis-Philippe ou de Napoléon III. Il faut, en tout cas, une grande dose de naïveté pour penser que cela aurait pu passer inaperçu.

Didier Rykner, éditorial du 11/03/09, La Tribune de l’Art.

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