"La résistance linguistique : une forme de lutte chère à Georges Gastaud"

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« Professeur agrégé de philosophie au lycée Condorcet, Georges Gastaud était l’invité de l’Université populaire Ch’ti Guevara, animée à Lens par son collègue Jean-François Dejours. La défense de la langue française passait, mardi soir, par le centre Jouhaux.

Georges Gastaud, président exécutif du CO.U.R.R.I.E.L

Ses idées internationalistes et patriotes l’ont amené à créer le Pôle de Renaissance communiste en France (PRCF). Qu’on soit d’accord ou pas avec Georges Gastaud, on ne peut s’empêcher de l’écouter quand il défend la langue française. Le propos est clair, structuré et amène à réfléchir un peu, ce qui n’est jamais inutile. Car cette langue anglaise s’incruste bel et bien dans notre vie quotidienne et professionnelle jusqu’à devenir un “must” plutôt inquiétant.

En s’intéressant à la journée européenne des lycées, l’enseignant lensois se rend compte que le libellé est en anglais. En dessous, en tout petit, les langues nationales apparaissent enfin. “C’est un signal contradictoire qu’on donne aux élèves. Ce qui importe est en haut de l’affiche”.

En tête de gondole, les anglicismes se taillent la part du lion. Georges Gastaud cite volontiers ce slogan du Medef (syndicat patronal) : Ready for the future (près pour l’avenir). “Une manière de dire que le français, c’est du passé”, constate le conférencier.

Dans les entreprises justement, qui ne parle pas anglais dans les briefings ? “Les cadres souffrent, ils font semblant de comprendre mais demandent au copain, en douce, ce qui a été dit. Si on fait ça dans les centrales nucléaires, ça va donner quoi ?” La tendance, comme toujours, est à l’élitisme. Au français qui fut employé pour se différencier de ceux qui parlaient patois, on préfère désormais l’anglais, toujours pour sortir du lot. La presse féminine regorge de ces mots anglais “que tout le monde ne comprend pas”. Leur maniement “est d’autant plus prestigieux que le français devient la langue du populo”. Derrière l’avalanche linguistique, Georges Gastaud voit une déferlante commerciale qui tend à écarteler les marchés nationaux à l’avantage des grands groupes. Eux seuls peuvent marteler que leur voiture est “fantastic” par le biais d’une publicité efficace et pas chère vu qu’une langue suffit.

“Le premier service public de France, c’est la langue française. si on ne défend pas celui-là, on ne pourra pas défendre les autres”, soutient le prof de philo qui propose de revenir à des termes en français, à créer si besoin. Comme le terme “courriel” qui a bien du mal à se frayer un chemin face à l’américain “e-mail”.

COURRIEL, c’est symboliquement le sigle du Collectif unitaire républicain pour la résistance, l’initiative et l’émancipation linguistique, fondé par Georges Gastaud et d’autres. “Employer des mots français, ça oblige à vaincre le ridicule”. Et si les gens parlent le langage SMS ou l’argot de banlieue, Georges Gastaud n’est pas contre, à condition que l’impulsion vienne du peuple. Et pour montrer que le français sait quand même encore se faire entendre, il reprend le fameux “Dégage” employé en Tunisie et en Égypte. Comme quoi avec le français aussi, oui on peut... pardon, yes we can. »

Article de Philippe Bessin publié par lavoixdunord.fr le 25/03/11.

Voir en ligne : Tenir sa langue pour ne pas être réduit au silence. Par Georges Gastaud

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