Grève générale massivement suivie au Portugal

, par  J.G.
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« Avions annulés, ports paralysés, métros et écoles fermés : la grève générale contre l’austérité était massivement suivie ce mercredi matin au Portugal.

Après la Grèce, l’Espagne ou la France, le Portugal était à son tour paralysé mercredi, en raison notamment de l’absence quasi-totale de transports publics.

Tous les vols commerciaux (environ 550) devaient être annulés au départ comme à l’arrivée au Portugal, “sauf suspension improbable du mouvement”, a indiqué le porte-parole de l’ANA, gestionnaire des aéroports portugais.

La compagnie publique des chemins de fer a annoncé pour sa part la suppression de 75% des trains, tout en assurant que “pour l’essentiel, le service minimum est garanti”.

A Lisbonne, aucun métro ne circulera de la journée, et le transport fluvial entre les deux rives du Tage a été interrompu. Aux arrêts d’autobus, les cars arrivaient au compte-gouttes avec seulement 30% du trafic prévu. “Aucune rame ne circule, aucune station n’est ouverte”, déclarait fièrement à l’AFP José Marques, conducteur de métro depuis 16 ans. “Nous n’avons eu aucun incident. Les gens comprennent que ce n’est pas une grève pour réclamer des hausses salariales, c’est pour défendre les droits de tout le monde, les allocations familiales…”

Après avoir enregistré en 2009 un déficit public record de 9,3% du PIB, le gouvernement socialiste portugais s’est engagé à le ramener à 7,3% cette année et 4,6% l’an prochain, au prix de mesures d’austérité sans précédent, cumulant coupes budgétaires, baisses des salaires, suppression de prestations sociales et hausses d’impôts.

Avec un salaire de 1 300 euros (1750 francs), José Marques reconnaît qu’il n’est pas touché directement par la diminution de salaire, appliquée au-dessus de 1500 euros, mais, explique-t-il, “j’ai calculé qu’entre la suppression des primes, des tickets repas et autres bonus, je vais perdre 200 euros tous les mois (265 francs)”.

Grève générale

La grève, convoquée par les deux principales centrales syndicales CGTP et UGT, unies pour la première fois depuis 1988, a également entraîné de très fortes perturbations dans les dispensaires et hôpitaux, où seules les urgences étaient assurées, ainsi que dans les établissements scolaires.

Selon les syndicats, le mouvement est également “massif” dans les grandes entreprises, et plusieurs usines étaient à l’arrêt notamment dans le secteur de la construction automobile, avec plus de 90% de grévistes à Autoeuropa, la transformation du papier ou du liège.

Plusieurs agences de la banque publique Caixa geral dos depositos (CGD) étaient fermées ou fonctionnaient au ralenti.

Des piquets de grève avaient été mis en place dès avant minuit, notamment devant les centres de tri de la poste ou à l’aéroport de Lisbonne.

Pompiers, gardiens de prison et fonctionnaires de justice se sont également joints au mouvement, tandis que policiers et gendarmes ont annoncé une grève des procès-verbaux.

Le mouvement a également entraîné la fermeture de nombreux musées, l’annulation de concerts ou pièces de théâtres, en raison d’une forte mobilisation des professionnels de la culture qui protestent contre la diminution annoncée de 27% des subventions.

Une grève pour rien ?

Mais quelle que soit l’ampleur de la mobilisation, le gouvernement a d’ores et déjà exclu tout allègement des mesures d’austérité, au moment où le Portugal fait face à un regain de tension sur les marchés financiers, convaincus qu’après la Grèce et l’Irlande, le Portugal sera le prochain pays de la zone euro à recourir à l’aide extérieure.

Mardi, le Premier ministre José Socrates avait réaffirmé que “le budget qui va être approuvé vendredi défend l’emploi et l’économie”, se disant convaincu que “les travailleurs en sont parfaitement conscients”. »

Article publié par letemps.ch le 24/11/10.

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