"L’Afghanistan, nouvel eldorado des minerais". Par Massimo Prandi

, par  J.G.
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« Les États-Unis ont découvert d’immenses gisements en Afghanistan. L’essor de l’industrie minière dans ce pays ravagé par la guerre pourrait bouleverser son économie. Très intéressée, la Chine a démarré la construction d’une mine de cuivre.

L’information est de nature à bouleverser, à terme, la donne géo-stratégique du conflit en Afghanistan. Selon un rapport du Pentagone dévoilé lundi par le “New York Times”, le pays recèle dans son sol des gisements de minerais et de minéraux dont la valeur est estimée à près de 1.000 milliards de dollars. La découverte a été faite par une petite équipe de géologues américains, dont certains travaillent pour l’armée.

Le secteur minier du pays attirera beaucoup d’investissements étrangers, même avant que les mines deviennent profitables, tant les richesses découvertes sont importantes. L’industrie extractive “deviendra la colonne vertébrale de l’économie afghane”, a estimé Jalil Jumriany, un conseiller du ministère des Mines de Kaboul. Aujourd’hui, ce pays affiche un PIB de seulement 12 milliards de dollars. La culture du pavot, les trafics de stupéfiants et ceux liés à l’économie de guerre sont ses principales sources de revenus.

Dans les entrailles afghanes, on trouve toutes sortes de minerais et minéraux très prisés, allant du minerai de fer au cuivre, en passant par le molybdène, la potasse, le cobalt, l’or, l’aluminium, l’argent ou encore le lithium, le niobium (métal mou utilisé dans la fabrication des supraconducteurs) ainsi qu’un bon nombre de terres rares. Les réserves de lithium seraient aussi importantes que celles de la Bolivie, premier pays producteur de ce métal essentiel pour la fabrication des batteries les plus modernes. Les recherches géologiques américaines ont démarré en 2004, s’appuyant sur les notes et les cartes élaborées précédemment par l’occupant soviétique. Un premier rapport de l’USGS (United States Geological Survey) en liaison avec le ministère afghan des Mines avait été finalisé à la mi-novembre 2007.

Les trésors du sous-sol afghan suscitent déjà les convoitises chinoises. En 2007, le conglomérat étatique China Metallurgical Group Corporation (MCC) avait gagné les enchères pour exploiter un dépôt riche en cuivre dans une vallée aride à environ 20 kilomètres au sud-est de Kaboul, une place forte des talibans. L’offre de 3,4 milliards de dollars avait dépassé de plus de 1 milliard de dollars celles des nombreux concurrents canadiens, européens, russes, kazakhs et américains. La mine proche du petit village d’Aynak, dont la construction a démarré en décembre, est censée livrer dans ses vingt-cinq ans de vie environ 11 millions de tonnes de métal rouge, soit le tiers du total des réserves chinoises connues. Ses gisements sont évalués à 88 milliards de dollars aux prix actuels du cuivre. Les Américains craignent que les Chinois mettent la main sur les richesses minérales afghanes. L’an passé, des représentants des États-Unis avaient accusé le ministre afghan des Mines d’avoir accepté des Chinois un bakchich de 30 millions de dollars pour l’attribution de la licence d’exploitation des réserves de cuivre d’Aynak. Ces accusations n’ont pas eu de suite judiciaire. » Massimo Prandi

Article publié par lesechos.fr le 14/06/10.

P.S. de J.G. : une invitation à (re)lire la brève Démission du président allemand, Horst Köhler, après ses propos justifiant l’intervention en Afghanistan de la Bundeswehr par des considérations économiques.

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