Barack Obama ou l’arrivée d’une "nouvelle aurore du leadership américain" Blason de l’Académie militaire de West Point, 1802

, par  Claude Beaulieu, Tribune libre
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Avant même d’être confirmé par le vote des grands électeurs, Barack Obama a annoncé qu’il inscrivait sa présidence dans la continuité dominatrice de l’impérialisme messianique qui conduit la politique américaine par rapport au reste du monde. Actuellement 349 élus démocrates sur 512 lui sont acquis. À partir du 15 décembre et jusqu’au 6 janvier ils devront voter pour confirmer formellement son élection, l’investiture devant avoir lieu le 20 janvier.

Barack Obama

À Chicago, le futur Président a annoncé l’arrivée d’une "nouvelle aurore du leadership américain". Sur un ton déjà guerrier il a ajouté : "A ceux qui voudraient détruire le monde, nous disons, nous vous battrons"... Attendons un peu pour savoir qui seront éventuellement, pour Obama, l’axe du mal, les États voyous et les dirigeants à diaboliser. Mais peut-être changera-t-il de formulation afin d’inscrire le "changement" du style dans la "continuité" politique. Car, pas plus qu’en France, le Président des États-Unis ne dispose véritablement de l’essentiel du pouvoir de décision, lequel est accaparé par une oligarchie souterraine, mise en place dès les années cinquante par la finance américaine hégémonique.

Rappelons en effet cette déclaration de James Paul Warburg, président de la Chase Manhattan Bank, devant le Sénat américain le 17 février 1953 : "De gré ou de force, nous aurons un gouvernement mondial. Sera-ce par la conquête ou par consentement ? La supranationalité d’une élite intellectuelle et des banquiers internationaux est certainement préférable aux décisions nationales qui se pratiquent depuis un siècle." David Rockefeller reprenait à son compte en juin 1991 cette volonté annoncée qu’il complétait en affirmant : "Le monde est préparé à marcher vers un gouvernement mondial." Cette vision mondialiste et supranationale est aujourd’hui une réalité qui orchestre la domination des peuples par les dirigeants étatsuniens, à travers la globalisation, dont l’Union européenne fédéraliste, par exemple, n’est qu’une expression et un outil.

Nous pouvons établir un parallèle entre l’élection en France de Nicolas Sarkozy et celle de Barack Obama aux États-unis. Je suis de ceux qui estiment que l’un et l’autre ont été pré-sélectionnés pour correspondre aux intérêts de l’oligarchie américaine et à ses ramifications supranationales et euro-atlantistes. Dans les deux cas, leurs concurrents à l’élection ne représentaient pas réellement une alternative crédible, mais avaient pour fonction de servir de faire-valoir au candidat réel de l’oligarchie. La présence de Ségolène Royal en naïve social-démocrate, innocente et opportuniste, accrochée au postulat de l’Europe fédérale des régions mais sans vision politique cohérente réelle, a contribué à estomper le caractère de démagogie généralisée de la campagne de Nicolas Sarkozy. John McCain, dynamique malgré son âge et affublé d’une Sarah Palin caricaturale ne soutenait aucune comparaison face au charisme de Barack Obama.

Dans les deux cas, ces deux élections ont donné lieu à des conditionnements, des manipulations massives et généralisées de l’opinion publique. Dans le cas des États-Unis cette mise en condition des peuples a pris un caractère mondial. Condoleezza Rice, Secrétaire d’Etat de G.W.Bush ainsi que son prédécesseur Colin Powell, ont démonté que la couleur de la peau n’est pas un critère déterminant qui empêcherait de servir avec cruauté l’impérialisme américain et sa volonté d’agression et de guerre.

Ce conditionnement des peuples explique partiellement mais pas totalement, l’enthousiasme populaire chez les afro-américains et parmi les peuples d’Afrique et du monde entier, devant cette élection. Militant anti-raciste depuis des décennies, j’ai toujours été solidaire des Patrice Lumumba, Thomas Sankara, Martin Luther King, Angela Davis et de bien d’autres militants noirs, j’aurais souhaité que Barack Obama se situe dans leur lignée progressiste. Ce n’est pas le cas aujourd’hui. Il est cependant naturel que cette élection, au delà de la manipulation mondiale politico-médiatique, ait soulevé une intense espérance populaire aux USA, en Afrique et dans le monde. Mais la désillusion risque d’être à la mesure de cette espérance. Et même si Barak Obama prenait conscience de ce que ces masses populaires attendent de lui et voulait y répondre positivement, il est peu probable que les Big Brothers, au pouvoir dans l’ombre, le laisseraient faire.

L’impérialisme américain après cette élection reste l’ennemi commun des peuples du monde.

Claude Beaulieu, le 6 novembre 2008.

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