De Gaulle et l’Europe confédérale des nations

, par  J.G.
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Dans une lettre à René Massigli, alors commissaire des Affaires étrangères, le 24 février 1944, De Gaulle évoqua le "rattachement de la Rhénanie à un bloc occidental, aux points de vue stratégique et économique,[qui] serait lié à la réalisation d’une fédération stratégique et économique entre la France, la Belgique, le Luxembourg et les Pays-Bas, fédération à laquelle pourrait se rattacher la Grande-Bretagne". De Gaulle apôtre d’une fédération européenne ? C’est que le sens précis du terme ne fut pas fixé à l’époque - le Petit Larousse illustré des années 1940 définissant "fédération" comme "un système politique dans lequel plusieurs États se rejoignent en une confédération" ! A Bordeaux, le 25 septembre 1949, De Gaulle évoqua pour la première fois son projet de référendum populaire dans tous les pays d’Europe en faveur d’une "confédération des peuples". Lors de la conférence de presse du 5 septembre 1960, De Gaulle montra clairement que les États étaient pour lui la voie obligée de la construction de l’Europe : "Construire l’Europe, c’est-à-dire l’unir [...] or quelles sont les réalités de l’Europe ? Quels sont les piliers sur lesquels on peut la bâtir ? En vérité ce sont des États [...]." Il proposa un "concert organisé régulier des gouvernements responsables, et puis, aussi, le travail d’organismes spécialisés dans chacun des domaines communs". Enfin, citons sa conférence de presse du 15 mai 1962 : « je n’ai jamais, quant à moi, dans aucune de mes déclarations, parlé de "l’Europe des patries", bien qu’on prétende toujours que je l’ai fait. Ce n’est pas, bien sûr, que je renie, moi, la mienne ; bien au contraire, je lui suis attaché plus que jamais et je ne crois pas que l’Europe puisse avoir aucune réalité vivante si elle ne comporte pas la France avec ses Français, l’Allemagne avec ses Allemands, l’Italie avec ses Italiens,etc. Dante, Goethe, Chateaubriand appartiennent à toute l’Europe dans la mesure même où ils étaient respectivement et éminemment italien, allemand et français. Ils n’auraient pas beaucoup servi l’Europe s’ils avaient été des apatrides et s’ils avaient pensé, écrit en quelque "esperanto" ou "volapük" intégrés...Mais il est vrai que la patrie est un élément humain, sentimental, alors que c’est sur des éléments d’action, d’autorité, de responsabilité qu’on peut construire l’Europe. Quels éléments ? Eh bien, les États ! Car il n’y a que les États qui soient à cet égard valables, légitimes et capables de réaliser. J’ai déjà dit et je répète, qu’à l’heure qu’il est il ne peut pas y avoir d’autre Europe que celle des États, en dehors des mythes, des fictions, des parades. »

Source : Dictionnaire de Gaulle.

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