Martine Aubry, Strauss-Kahn, Jospin, Fabius et Guigou : membres du club Le Siècle

, par  John Groleau
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Le club Le Siècle rassemble l’essentiel des principaux acteurs politiques, économiques et médiatiques en France.
L’actuel président de ce club est Denis Kessler, ancien vice-président du M.E.D.E.F. et auteur d’un article [1] anti-républicain en 2007.
La vice-présidente du Siècle est Anne-Marie Idrac, l’actuelle secrétaire d’État chargée du Commerce extérieur, auprès de la ministre de l’Économie, de l’Industrie et de l’Emploi. Parmi ses membres, on peut signaler la présence du banquier Michel Pébereau, président de l’Institut Aspen, patron le plus influent de France et promoteur de la gouvernance mondiale [2]. Quelques secondes d’attente pour le chargement de la vidéo.

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Pour avoir davantage d’informations sur Le Siècle, il est intéressant de lire l’article de Régis Soubrouillard, Kessler, patron d’un autre Siècle [3], publié par marianne2.fr le 18/01/08 :

« La France d’en bas avait élu Sarkozy. Celle d’en haut a également son nouveau président : Denis Kessler. Ce grand patron, ancien vice-président du Medef, a pris les commandes de l’un des clubs les plus selects et les plus conservateurs de la capitale : Le Siècle.

La légende veut qu’on s’y ennuie mais que l’on y mange bien. La réalité est un peu différente. Il paraît que l’on n’y mange pas si bien que cela...
Dénoncé comme l’emblème de la collusion des élites et/ou de la concentration des pouvoirs, qualifié par Jacques Julliard de “symbole de la solidarité des privilégiés”, Le Siècle est généralement présenté comme un simple lieu de rencontres, voire une petite association, par “ceux qui en sont”. C’est dans cet entre-deux nébuleux que Le Siècle produit son propre mystère.
Fondé en 1944 par le journaliste Georges Bérard-Quélin (également à l’origine de la création de la Société Générale de presse qui édite aujourd’hui des journaux professionnels — Correspondance de la presse, Correspondance de la publicité), Le Siècle se voulait, au sortir de la guerre, un cercle de rencontres. “Bérard-Quélin était obsédé par l’idée de construire de nouvelles élites, de faire se rencontrer des jeunes, de briser la frontière Province-Paris. Ces rendez-vous réguliers permettaient d’économiser beaucoup de temps”, raconte l’historienne Anne Martin-Fugier, à l’origine d’une étude sur le sujet pour la revue 20ème siècle.

Avec le temps, ce souci de faire se côtoyer ces mondes qui s’ignoraient, de “renforcer les chances de succès des jeunes en les faisant se connaître et se rencontrer”, comme l’imaginait Georges Bérard-Quélin, a évolué vers un club d’élites sexagénaires représentatives de trois arrondissements parisiens, tout au plus.

Journalistes (Serge July qui y aurait rencontré le sauveur de Libé Edouard de Rotschild, Laurent Joffrin, Franz-Olivier Giesbert, Claude Imbert, Denis Jeambar, Jean-Marie Colombani, PPDA, David Pujadas, Emmanuel Chain, Michèle Cotta, une des premières femmes, Sylvie Pierre-Brossolette, Anne Sinclair), politiques (Nicolas Sarkozy l’a fréquenté, Rachida Dati, Jean-François Copé, Jean-Pierre Raffarin, Dominique Strauss-Kahn, Lionel Jospin, Laurent Fabius, Jean-Pierre Chevènement, Hubert Védrine, Elisabeth Guigou, Martine Aubry, Bernard Kouchner), patrons (Louis Gallois, Claude Bébéar, Louis Schweitzer, Maurice Lévy, Jean-Marie Messier, qui en fut avant de se faire plus discret...), banquiers (Antoine Bernheim, Michel Pébereau) , diplomates (Olivier Schrameck, ancien directeur de cabinet de Lionel Jospin), mais aussi le philosophe Luc Ferry, le directeur de Sciences-Po Richard Descoings ou encore Jean-Claude Trichet, gouverneur de la Banque centrale européenne. Bref, tous ceux qui “font l’opinion” se retrouvent un mercredi par mois, place de la Concorde, à l’Automobile Club de France pour échanger, se rencontrer, se connaître, prendre rendez-vous, mais aussi et surtout, montrer qu’ils “en sont”.
700 personnalités qui, en général, fréquentent déjà les mêmes endroits, partagent souvent les mêmes opinions, mais qui, en l’espace d’une soirée, peuvent s’assurer qu’ils sont toujours dans la ligne, que le “Tout petit Paris” pense comme eux... Encore que certaines surprises ne sont pas interdites. Ainsi, lors du référendum sur la constitution européenne, nos élites auraient pris conscience lors d’un dîner du Siècle que la “bonne parole” n’était pas nécessairement LA parole.

Un club très ouvert… aux élites

On entre au Siècle par cooptation — l’idéal de “l’entre-soi”, bien loin du souci initial de Bérard-Quélin de “décloisonnement”. Les plans de table sont soigneusement étudiés. “De ce point de vue, cette association relève essentiellement du réseau mondain, commente Pierre-Emmanuel Moog, auteur de l’ouvrage “Les Clubs de réflexion et d’influence”. “Ce n’est même pas un think tank à l’américaine, il n’en ressort rien de concret. Cela se rapproche plus des fraternités américaines, au détail près que les fraternités sont des produits des grandes universités du pays et cultivent un véritable goût du secret”.
De fait, Étienne Latour, Secrétaire général du Siècle et directeur de La Correspondance de la presse, explique qu’ “il n’y a pas de goût du secret à proprement parler” et préfère parler de “discrétion” : “Pour que les gens échangent librement entre eux, les propos ne doivent pas être rapportés. C’est la seule limite”.

Présenté parfois comme une “simple association”, Le Siècle se veut un club d’échanges ouvert à tous les points de vue. Évidemment, tout est relatif. Le club est largement en retard sur la réalité sociale du pays. Les communistes n’étaient pas invités jusqu’en 1981, les femmes n’ont été acceptées qu’à partir de 1983. Alain Minc, qui “en est”, remarquait en 2004 dans l’étude d’Anne Martin-Fugier : “Des Beurs ? Aucun. Des saltimbanques ? Guère. Des représentants de l’univers sportif ? Inconcevable. Des émanations du monde associatif ? Peu. Des Verts ? Y pensez-vous ? Des patrons d’ONG ? Une maigre pincée”. Et de se demander si les élites jouent encore leur rôle, qui consiste, selon lui, à digérer les contestataires en les intégrant…
On peut se demander, dans ce cas-là, si la presse joue elle aussi encore son rôle : la présence massive de journalistes gradés et de patrons de presse au Siècle montre à quel point notre honorable profession remplit sa fonction de contre-pouvoir !

Censé être politiquement neutre, le Siècle, par son principe même de fonctionnement, est en fait un club totalement orienté. “L’ouverture est évidemment très relative”, concède Pierre-Emmanuel Moog. “Le Siècle est, de fait, fortement teinté. Ça évolue positivement, mais tout doucement”.
L’association essaye par exemple d’attirer des intellectuels, assez réticents à se prêter à ce genre de mondanités : “c’est vrai qu’on en cherche mais c’est difficile. Parfois ils viennent une fois, mais Le Siècle réclame une certaine régularité”, confirme Étienne Lacour.

Kessler, l’ “intello” du patronat

Jusque-là présidé par Renaud Denoix de Saint-Marc, membre du Conseil constitutionnel, Le Siècle vient d’élire à sa tête Denis Kessler, ex-marxiste (dans sa jeunesse, s’entend), proche de Dominique Strauss-Kahn et ancien vice-président du Medef. Actuellement PDG de la SCOR, une société internationale de réassurance, il est considéré comme un patron plutôt sensible aux choses de l’esprit.
Ce qui n’empêche pas ce proche du philosophe François Ewald de répondre au magazine Challenges qui l’interrogeait en octobre 2007 sur les réformes à mener en France : “C’est simple, prenez tout ce qui a été mis en place entre 1944 et 1952, sans exception”. Comprenez : défaire tout ce qui a été mis en place par le Conseil national de la résistance : les caisses de Sécurité sociale, le statut de la fonction publique, l’importance du secteur public productif et la consécration des grandes entreprises françaises qui viennent d’être nationalisées, le conventionnement du marché du travail, la représentativité syndicale, les régimes complémentaires de retraite, etc. Pour le moins orienté, rapide et simpliste pour un patron qui se veut plus philosophe que la moyenne.

Malgré cela, Pierre-Emmanuel Moog s’étonne encore que Denis Kessler ait accepté la présidence du Siècle : “C’est une erreur. Je ne comprends pas ce qu’il est venu faire là-dedans. Il avait bien plus de leviers, même sur un plan intellectuel, lorsqu’il était au Medef. Que l’on soit ou pas d’accord avec Kessler, Le Siècle n’a aucun intérêt, ni intellectuel, ni politique, essentiellement un rôle social. Il n’en sort jamais rien”. Ça vaut sans doute mieux… » Régis Soubrouillard

Duodi 2 Floréal an CCXVIII

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