29 mai : symbole d’une trahison permanente

, par  J.G.
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Commémorer le référendum du 29 mai 2005. Entretien avec André Bellon pour AgoraVox. Alors que les principaux partis stigmatisent les électeurs en leur rappelant leur devoir électoral, il nous rappelle avec force que "le peuple a clairement dit non à un traité et une oligarchie a méprisé cette volonté et fait passer ce traité par un véritable coup d’État".

Lecanardrépublicain.net : André Bellon, vous avez été député et Président de la Commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale. Vous faites partie des Citoyens qui ont mené le combat contre le Traité constitutionnel européen en 2005 et vous avez fondé l’Association pour une Constituante dont le site est www.pouruneconstituante.fr. Que représente aujourd’hui pour vous le vote du 29 mai 2005 ?

André Bellon : Il est l’expression de la souveraineté populaire, c’est-à-dire de la démocratie. Alors que tous les partis, tous les médias, tous les experts expliquaient qu’il était impossible de dire non, le peuple a exprimé sa volonté et, tout particulièrement, expliqué que le oui ne vaut rien si on n’a pas le droit de dire non.

En quoi, le concept de "souveraineté populaire" est-il un principe républicain ?

La République est née après le mouvement populaire qui, le 10 août 1792, a renversé la monarchie. Le 22 septembre de la même année, la nouvelle Assemblée nationale, appelée Convention, a officialisé le fait en instaurant la République et le suffrage universel. Jusqu’alors, le vote, lorsqu’il existait était réservé aux plus riches, ce qu’on appelait le suffrage censitaire. La République est donc le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple, ce qui est inscrit dans notre Constitution, même si, dans les faits, le principe de souveraineté populaire est tellement trahi.

Fin 2007, suite à votre Appel [1], vous avez créé l’Association pour une Constituante à laquelle vous avez appelé à adhérer tous les démocrates [2]. Votre Association a-t-elle réussi à faire partager cette idée que les profonds changements attendus par une grande majorité de nos concitoyen(ne)s pourraient s’amorcer à travers l’élection d’une Assemblée Constituante au suffrage universel direct ?

La situation est celle d’une contradiction dramatique entre les principes et la réalité. On parle partout de démocratie, on la bafoue perpétuellement. Le 29 mai est le symbole de cette trahison permanente. Le peuple a clairement dit non à un traité et une oligarchie a méprisé cette volonté et fait passer ce traité par un véritable coup d’État. C’est en réaction contre ce coup d’État que j’ai appelé à participer à une Association pour une Constituante. Les débuts ont été, bien sûr, difficiles, mais aujourd’hui, les adhésions se multiplient et nous avons déjà nombre de cercles locaux partout en France.

Partagez-vous cette opinion que "la France républicaine issue des Lumières, de la Révolution française, des combats du monde ouvrier et des conquêtes de la Libération, est en danger de mort"  [3] ?

Oui. Une coalition d’intérêts a remis en cause des siècles de combats humanistes et, aujourd’hui, le communautarisme s’oppose à la citoyenneté, la pensée religieuse à la laïcité, les privilèges à l’égalité des droits, la pensée unique à la Liberté. Voila des décennies que les républicains sont en butte à des défis qu’on croyait dépassés, mais désormais le temps est venu de reprendre l’initiative. C’est pourquoi l’Association pour une Constituante fait le lien entre le 29 mai et la proclamation de la République et appelle symboliquement à se rassembler le 29 mai 2010. Plusieurs rassemblements sont déjà prévus par les cercles locaux. À Paris, ce sera à 11 heures à l’endroit même où fut abolie la monarchie, c’est-à-dire devant la plaque historique posée le long des grilles du jardin des Tuileries en face du 228 rue de Rivoli.

Plaque historique posée le long des grilles du jardin des Tuileries en face du 228 rue de Rivoli

Propos recueillis par J.G. le Quartidi 24 Germinal an CCXVIII.

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